lundi 6 janvier 2014

24me séance : Comment le désir ....


bague "art nouveau"

J'avais d'abord titré cet article "la beauté du net".
Il m'était venu à l'esprit après avoir cascadé de lien en lien,
et après m'être questionnée sur les motivations de ceux qui disent qu'internet serait un cloaque.
Certainement que ceux-là en connaissent le chemin, du cloaque.
Pour ma part le trajet a commencé par une accroche : un article de Liliane Fainsilber intitulé
"Une expérience de la voracité féminine". 
Rien de mieux pour me faire aller voir ça de près, avec crainte et tremblement, quand même,
car : accord ? ou désaccord ? Les deux, mon général.
Car comme toujours, quand je lis comment les psychanalystes évoquent ce sujet,
j'imagine ce que peuvent penser les personnes qui ignorent nos "raccourcis" théoriques,
et que nous parlons rarement d'une réalité objectivable, mais d'un "réel" non seulement fantasmé,
mais décrit avec des mots ayant plusieurs sens : le mot "phallus" par exemple,
est pour beaucoup à superposer au pénis, alors que c'est un simple signifiant du pouvoir.
Si Liliane Fainsilber avait commencé son article par le paragraphe qu'elle a mis en fait à la fin,
à savoir que tout ce qu'elle écrit sur la "dévoration" est une affaire de manque primordial,
moins de personnes prendraient leurs jambes à leur cou.
Bien.
Mais l'article lui-même n'a pas été mon seul intérêt : après l'avoir lu, je suis revenue cliquer
sur l'avatar qu'elle a choisi pour représenter son site sur Twitter. Allez savoir pourquoi ....


 .. plongée dans l'évocation du maternel, de la pulsion orale ... mais quoi, dans l'avatar ?
Grâce à la fonction "rechercher cette image sur Google"
j'ai ouvert la galerie Art nouveau, puis Décors Art nouveau  puis Bijoux Art nouveau, 
jusqu'à ce que, sur le site "Bijoux anciens et d'occasion, cette bague me "fixe".


Dans un premier temps je n'ai pas vu de fleur, (maintenant, bien sûr, je ne vois qu'elle)
mais sachant le rôle de la scotomisation d'images
(qui fonctionne comme l'illusion d'optique) je peux dire sans me tromper, dans l'après-coup,
par le savoir acquis dans l'analyse sur les chemins de ma parole,
que quelque chose en moi l'avait forcément "vue", car au thème "petites fleurs roses",
on peut donner la même fonction que "gargoulette" : un point de départ des associations d'idées
qui, en psychanalyse, peuvent nous amener à boucler un trajet. En une séance, ou en mille ..
Donc "gargoulette" c'est différent, et c'est pareil.
Après cette parenthèse, revenons dans nos ornières.
Quelque chose dans toutes ces images, un nom ? un détail évocateur ? poussait à continuer.
De quoi était-ce une mise en bouche ? Vers quoi était-ce une étape, cette "anémone des bois",
par exemple ? La fleur (maintenant que je la vois dans la bague, je peux l'inclure dans les indices) ?

Pendentif art nouveau, Lalique.

Et ces "trois oiseaux" du même Lalique "inventeur du bijou moderne" ?
il y a de la fleur, aussi, mais c'est moins pregnant.


Quelle promesse, alors, dans ces images, ou les mots autour d'elles, pousse à chercher encore ?
 à les dévorer des yeux : encore une, encore une, encore !
Serait-ce, pourquoi pas, quelque chose qui n'y est pas ?
L"historique" révèle la quantité impressionnante d'images regardées, toujours poussée.
Jusqu'à ce que me vienne l'idée de taper "Vaisselle Art nouveau".

et d'extraire, enfin, de quoi conclure : ceci est une soupière.



Ce n'est pas la "Magnifique soupière fin 19e en faïence signée BFK, à décor sorbier 
bleu-vert en guirlande de fruits", en elle-même qui compte,
mais quelque chose dans son environnement langagier, dans les sons utilisés pour l'évoquer.
si on s'amuse à faire défiler les images de la bague, l'anémone des bois, les trois oiseaux, la soupière,
et qu'on possède un certain savoir sur soi,
on s'aperçoit que l'élément signifiant commun à toutes, plus prégnant encore que les fleurs :
c'est un son : p - i - è - r.

Comme je l'ai évoqué dans les premiers articles de "séance après séance"**
et comme je l'ai suggéré en début d'article avec l'évocation des "petites fleurs roses",
dès que nous ouvrons la bouche pour parler, si on a le désir d'en savoir plus,
on finit par repérer que c'est toujours le même matériel langagier qui tourne.
Il faut du temps pour boucler une analyse, des années parfois,
pour être ramené une première fois au point de départ,
puis pour s'apercevoir que "ça repart" sans cesse, à la fois le même, à la fois différent.
Car ce trajet, qui s'est une fois refermé sur lui-même, est ré-amorçable.
Si on a ce goût comme dit Liliane Fainsilber :
 le goût de la psychanalyse, le désir de l'inconscient.

Partir d'un article traitant de la (dite) voracité féminine (qui fait l'objet de ma lecture très appliquée
du séminaire de Lacan La relation d'objet), être saisie par une image illustrant l'article,
et choisir (?) de se laisser guider, de fixation en fixation, de point de jouissance scopique
en point de jouissance vocale, avec derrière, aussi, des points évocateurs de jouissance orale,
le tout balisé, ponctué, et mis dans l'ornière, par une chaîne langagière,
permet d'accomplir un bout de chemin. Les mots tracent leur route.
C'est pourquoi j'ai décidé de titrer "Comment le désir .."
Mamaan ! Quel voyage !

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http://www.lalique-parfums.com/fr/linventeur-du-bijou-moderne

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