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mardi 11 octobre 2011

Sém.IV leçon 9 : La fonction du voile.




     Séminaire LA RELATION D OBJET ET LES STRUCTURES FREUDIENNES


     1 ère partie :   THEORIE DU MANQUE D OBJET
        1. introduction
        2. les trois formes du manque d'objet
        3. le signifiant et le saint-esprit
        4. la dialectique de la frustration
        5. de l'analyse comme bundling et ses conséquences.
     2 ème partie : LES VOIES PERVERSES DU DESIR
        6. Le primat du phallus et La jeune homosexuelle
        7. "On bat un enfant" et La jeune homosexuelle.
        8. Dora et la jeune homosexuelle.             
     3 ème partie :  L'OBJET FETICHE
        9. La fonction du voile.


La question de l'objet
est matérialisée de façon particulièrement aiguë avec le fétiche et le fétichisme.

Les schémas fondamentaux que j'ai apportés
 s'expriment tout spécialement dans ces 2 affirmations paradoxales
1)ce qui est aimé dans l'objet, c'est ce dont il manque 2)on ne donne que ce qu'on n'a pas.

Le schéma qui implique, dans tout échange symbolique (et quel que soit son sens fonctionnement)
la permanence du caractère constituant d'un au-delà de l'objet, nous permet
de voir sous un jour nouveau, et d'établir différemment les équations fondamentales
de cette perversion qui a pris rôle exemplaire dans la théorie analytique : le fétichisme.
Freud aborde cette question principalement dans 2 textes, entre 1904 et 1927 : un paragraphe
sur le fétichisme dans Trois essais sur la théorie de la sexualité et un article intitulé Le fétichisme.
Il nous parle d'emblée du fétiche comme symbole de quelque chose, mais que, au regard de
de tout ce qui se dit sur le fétiche depuis qu'on parle de l'analyse nous allons être déçus.
Il dit que ce symbole c'est le pénis, mais pas n'importe lequel : le pénis dont il s'agit
n'est pas le pénis réel, c'est le pénis qu"a" la femme, c'est celui que la femme n'a pas.


 Certains n'y voit que méconnaissance du réel, croyant qu'il s'agit du pénis que la femme n'a pas
et qu'il faudrait qu'elle ait, du fait du rapport douteux de l'enfant avec la réalité. Spéculations sur
le développement et les crises du fétichisme qui éludent l'important, et conduisent à des impasses.
Il faudrait des heures pour détailler cette forêt, tant est délicat et fastidieux de situer le point
           où une matière se dérobe parce que l'auteur évite le point crucial d'une discrimination.

On peut éviter ces errances et pointer de dont il s'agit en précisant que :
il n'agit pas d'un phallus réel qui existe ou n'existe pas, il s'agit d'un phallus symbolique
qui fonctionne dans l'échange comme absence, en tant qu'absence.
Car
tout ce qui peut se transmettre dans l'échange symbolique est toujours quelque chose qui
est autant absence que présence, fait pour avoir cette sorte d'alternance fondamentale
qui fait qu'étant apparu en un point, il disparaît, pour reparaître en un autre.
 Il s'agit du phallus en tant qu'il circule et laisse derrière lui, au point d'où il vient,
 le signe de son absence : il est un objet symbolique.

D'une part il s'établit, par cet objet, un cycle structural de menaces imaginaires qui limite
l'usage du phallus réel : c'est le sens du compl. de castration, en cela que l'homme y est pris.
Et il y a l'autre usage, caché, si l'on peut dire, caché par les fantasmes + ou - redoutables
de la relation de l'homme aux interdits sur l'usage du phallus. C'est sa fonction symbolique.
C'est uniquement en tant
qu'il est , ou qu'il n'est pas là, que s'instaure la différenciation symbolique des sexes.
C'est à dire toujours là/pas-là = au-delà de toute relation entre l'homme et la femme.

Symboliquement, la femme ne l'a pas. Mais n'avoir pas le phallus symboliquement,
c'est l "avoir" .. à titre d'absence.
Ensuite, en tant que dans la réalité elle n'en a qu'un tout petit, ce phallus de la réalité peut être
 à l'occasion objet de nostalgie, être ressenti du coté de l'insuffisance. Mais ce phallus là
n'est pas le seul qui entre en fonction pour elle, car elle est dans la relation subjective où,
pour l'homme, il y a, au-delà d'elle, ce phallus qu'elle n'a pas, ce phallus symbolique
qui existe là en tant qu'absence. Un phallus qui n'a rien à voir avec l "infériorité" ressentie
occasionnellement au plan imaginaire pour ce qui concerne sa participation réelle avec le phallus.
(clitoris+organe sexuel féminin en tant que creux ne font pas image comme érection pén.NDMM)
C'est ce pénis symbolique que je place dans le schéma de la jeune homosexuelle,
en tant qu'il a une fonction essentielle dans l'entrée de la fille dans l'échange symbolique.
Car c'est en tant qu'elle n'a pas ce phallus, donc qu'elle l'a sur le plan symbolique, c'est à dire
en tant qu'elle entre dans la dialectique symbolique d'avoir ou de n'avoir pas le phallus,
et par là dans cette relation ordonnée et symbolisée de la différenciation des sexes,
cette relation interhumaine assumée, disciplinée, typifiée, ordonnée, marquée, frappée d'interdits
comme par exemple la structure fondamentale de la loi de l'inceste.
C'est cela que veut dire Freud  quand il écrit que c'est par l'intermédiaire
de "l'idée de castration" -qui est que n'ayant pas le phallus, elle peut l'avoir symboliquement,
que la fille entre dans le complexe d'œdipe (et le garçon en sort).

C'est en ceci que se justifie, structuralement parlant,
l'androcentrisme dans le schéma lévi-straussien des structures élémentaires de la parenté :
C'est un fait : les femmes s'échangent comme objets entre les lignées
et les lignées sont fondées sur la lignée mâle parce qu'elle est symbolique et improbable.

Elles entrent dans les lignées par un échange :
en échange de ce phallus qu'elles reçoivent symboliquement elles donnent un enfant .
L'enfant prend fonction d'équivalent du phallus, enfant par quoi elles introduisent,
dans la généalogie symbolique phallocentrique et stérile, la fécondité.

En se rattachant à cet "objet" unique, central, (qui n'est pas un objet car il a subi radicalement
la valorisation symbolique) en le prenant comme intermédiaire du rapport au phallus,
 les femmes entrent ds la chaîne de l'échange symbolique, y prennent place, et valeur.

On voit cela s'exprimer de mille façons. Par exemple ce thème fondamental que
la femme se donne : qu'exprime-t-il, sinon l'affirmation du don ? l'expérience psychologique
concrète -paradoxale- montre que dans l'acte d'amour c'est la femme qui, concrètement,
reçoit, plus qu'elle ne donne. Or tout indique, et l'expérience analytique aussi, qu'il n'y a pas de
position imaginairement plus captatrice, voire dévorante. Que cela soit renversé en l'affirmation
contraire -la femme se donne- c'est que symboliquement il doit en être ainsi, à savoir :
qu'elle doit donner quelque chose en échange de ce qu'elle reçoit, le phallus symbolique.

Le fétiche, (Freud) représente le phallus en tant qu'absent, symbolique. Le "renversement"
permet de comprendre ce paradoxe que c'est toujours le garçon qui est fétichiste, jamais la fille.
Si tout était sur le plan de la déficience, de l'infériorité imaginaire, ce serait plutôt chez elle,
 réellement privée du phallus, que le fétichisme devrait se déclarer le plus ouvertement.
Or il n'en est rien, c'est excessivement rare, au sens propre et individualisé où il s'incarne
dans un objet répondant d'une façon symbolique au phallus en tant qu'absent.

Comment peut s'engendrer cette singulière relation du sujet à un objet qui n'en est pas un ?

Si le fétiche est symbole -dit l'analyse- il est sur le même pied que tout symptôme névrotique.
Sauf que :avec le fétichisme on est du coté de la perversion et pas de la névrose, en tout cas
nosographiquement, pour des raisons d'apparence clinique. Mais il faut y regarder de près
pour le confirmer dans la structure, du point de vue de l'analyse.
Pas comme ces auteurs qui mettent le fétichisme à la limite des perversions et des névroses,
au prétexte de caractère élèctivement symbolique du fantasme crucial.

Partons du plus haut de la structure, et arrêtons-nous à cette position d'interposition qui fait que
ce qui est aimé dans l'objet d'amour est quelque chose qui est au-delà. "Quelque chose",
rien sans doute, et qui pourtant est là symboliquement, et parce qu'il est symbole non seulement
il peut, mais il doit être ce rien. Ce qui matérialise le mieux cette relation d'interposition, où ce qui
est visé est au-delà de ce qui se présente, c'est une des images les plus fondamentales de la
relation humaine au monde : le voile, le rideau. Un rideau ou un voile devant quelque chose,
 c'est ce qui permet le mieux d'imaginer la situation fondamentale de l'amour : par la présence
du rideau ce qui est au-delà comme manque tend à se réaliser comme image. Sur le voile
se peint l'absence, c'est même la fonction du rideau, qui prend valeur et consistance d'être,
justement, ce sur quoi se projette et s'imagine l'absence : le rideau c'est l'idole de l'absence.
C'est pour cela que le voile de Maya  est la métaphore la plus commune pour exprimer le rapport
de l'homme avec ce qui le captive, ce sentiment qu'il a d'une certaine illusion fondamentale dans
tous les rapports tissés de son désir. C'est bien là ce dans quoi l'homme incarne,
idolifie son sentiment de ce rien qui est au-delà de l'objet d'amour.
Gardez à l'esprit ce schéma fondamental
pour situer correctement les éléments qui entrent en jeu dans l'instauration du fétichisme.



    
                                                                  schéma du voile, 

                                                                ( http://cause.des.filets.fr/Diable_amoureux.shtml )

Nous avons le sujet,
et nous avons l'objet avec son "au-delà" qui est "rien", symbole, phallus manquant à la femme.

Dès qu'un rideau ou voile est placé, sur lui peut se peindre quelque chose disant :  l'objet est au-delà.
L'objet peut alors être en place du manque,  être le support de l'amour, en tant que justement
il n'est pas le point où s'attache le désir. D'une certaine façon le désir apparaît comme une
 métaphore de l'amour, mais ce qui l'attache, l'objet, semble valorisé en tant qu'il est illusoire.
On nous explique le fameux "splitting" de l'ego, quand il s'agit du fétiche, en disant que la femme
y est à la fois affirmée et niée, que le fétiche étant là elle n'a pas perdu le phallus.
Mais du même coup on peut le lui faire perdre = la châtrer. Cette ambiguïté est constante, 
sans cesse manifeste dans les symptômes : vécue en même temps dans une illusion soutenue
soutenue et chérie comme telle, et dans l'équilibre fragile à la merci de l'écroulement ou
ou du lever du rideau. La relation du fétichiste à son objet est dans ce rapport. Freud utilise
le mot Verleugnung pour la relation fondamentale de déniement ds la relation au fétiche,
mais précise qu'il s'agit de faire tenir debout (aufrecht zu halten) cette relation complexe.
Comme il parlerait d'un décor. C'est la langue de Freud, si imagée et précise à la fois, en termes
qui prennent ici toute leur valeur : l'horreur de la castration s'est à elle-même posé, par la
création d'un substitut, un monument. Le fétiche est un Denkmal. Pas "trophée", pourtant
il est là, doublant le signe d'un triomphe (das Zeichen des Trimphe) Maintes fois d'ailleurs,
autour de ce phénomène typique du fétichisme, les auteurs parlent de ce par quoi
le sujet héraldise son rapport avec le sexe. Freud ici nous fait faire un pas de plus.

Aller tout de suite au "pourquoi" (pourquoi le sujet a besoin d'un voile), nous ferait tomber dans
le chaos pandémoniaque de ces tendances qui viennent en foule expliquer que .. le sujet peut
 être .. plus ou moins loin de l'objet .. se sentir arrêté par lui .. menacé par lui ..en conflit avec lui ..
Restons-en à la structure celle qui est dans le rapport de l'au-delà et du voile :
1. sur le voile peut s'imager = s'instaurer comme capture imaginaire et place du désir,
la relation à un au-delà, fondamentale dans toute instauration de la relation symbolique.
 = dans la fonction du voile il s'agit de la projection de la position intermédiaire de l'objet.
2. toujours sur l'institution d'un rapport symbolique dans l'imaginaire, nous avons vu à propos
de la structure perverse, la métonymie, et l'allusion, la lecture entre les lignes comme formes
 élevées de la métonymie. Et bien sauf qu'il n'emploie pas le mot métonymie, c'est pourtant ce
que dit Freud quand il dit que ce qui constitue le fétiche, l'élément symbolique qui le fixe
 et qui le projette sur le voile, est un élément emprunté à la dimension historique :
c'est le moment de l'histoire où l'image s'arrête.

Il y a un moment où est cherché dans la mère ce phallus qu'elle a et qu'elle n'a pas,
moment qui est à penser en termes de présence/absence, absence/présence. 
Dans la remémoration de l'histoire, juste avant ce moment on trouve un arrêt, une suspension,
comme un film qui soudain se figerait. "Remémoration" est à rapprocher de souvenir-écran,
Deckerinnerung : plus que d'un simple instantané, il s'agit d'une interruption de l'histoire.
L'histoire marque l'arrêt, et indique aussi que son mouvement se poursuit .. au-delà du voile.
Le souvenir-écran est un arrêt dans une chaîneil est relié à toute une histoire, une histoire
constituée de sa nature. Ce en quoi il est métonymique. 
Mais en faisant arrêt, la chaîne indique une suite désormais voilée, absente, "refoulée", comme
Freud le dit nettement. Nous parlons de refoulement qu'en tant qu'il y a chaîne symbolique.
Or, si on désigne comme point de refoulement un phénomène qui passe pour imaginaire (le fétiche
est d'une certaine façon une image, projetée) c'est parce qu'une image peut faire point limite 
entre l'histoire qui se continue et un moment d'interruption : signe, repère du point de refoulement.
Nous voyons se distinguer là, une fois de plus, deux relations différentes :
La relation à l'objet d'amour d'une part, la relation de frustration à l'objet d'autre part.

Par une métaphore l'amour se transfère au désir, qui s'attache à l'objet illusoire.

La constitution de l'objet n'est pas métaphorique, elle est métonymique : un point, dans
la chaîne de l'histoire, un signe qu'elle s'arrête, que là commence un au-delà constitué par le sujet
Pourquoi ? Pourquoi là ? Pourquoi le voile est-il plus précieux à l'homme que la réalité ?
Pourquoi cette cette relation illusoire devient-elle un constituant essentiel, nécessaire,
du rapport avec l'objet ? C'est la question posée par le fétichisme.

Beaucoup de choses s'éclairent à partir de là et du 1er exemple d'analyse du fétichisme par Freud
avec cette merveilleuse histoire du monsieur ayant passé son enfance en Angleterre, venu se faire
fétichiste en Allemagne : il cherchait toujours "un petit brillant sur le nez" parce que du
"a glance at the nose" lui venant de ses 1ère années, il avait fait "ein Glantz auf die Nase" 
peu importe que la signification soir un regard sur le nez. Symbole, bien sûr. Ainsi entre en jeu
et se projette en un point sur le voile la chaîne historique, qui peut contenir non seulement
toute une phrase, mais plus encore, une phrase dans une langue oubliée.

Quant aux causes de la structure fétichistes, les auteurs sont embarrassés :
il y a cette notion de la genèse du fétichisme articulée essentiellement au compl. de castration,
mais il y a aussi ce fait que c'est dans les relations pré-œdipiennes et nulle part ailleurs qu'il paraît
le plus certain que la "mère phallique" est l'élément central. Pour joindre ces deux choses
les auteurs ne sont pas à l'aise. Du coté de l'école anglaise et M. Klein, on structure
les 1ères étapes des tendances orales, les moments les plus agressifs surtout, en introduisant
la présence du pénis paternel par projection rétro active, par rétro action du complexe d'oedipe
dans les 1ères relations avec les objets, qui sont introjectables. Cela facilite l'accès à un matériel
qui permet d'interpréter de quoi il s'agit. Laissons de coté la critique du système de M. Klein,
et tenons-nous en à ce que nous avons, en partant de la relation fondamentale
de l'enfant réel, de la mère symbolique, et de son phallus -imaginaire- à elle.
C'est un schéma à manier avec précaution
car il se concentre sur un même plan
alors qu'il répond à des plans divers et entre en fonction à des étapes successives.
Pendant longtemps l'enfant n'est pas en mesure de s'approprier
la relation imaginaire qui fait la division de la mère à son sujet. C'est ce que nous tenterons
cette année d'élucider : comment et quand cela entre en jeu pour l'enfant, et comment se fait
son entrée dans la relation à l'objet symbolique dont le phallus est la monnaie majeure.
Questions temporelles, chronologiques, d'ordre, de succession,
comme l'indique la psychanalyse sous l'angle de la pathologie.

Les observations montrent ce qui est corrélatif à ce singulier symptôme : un sujet en relation
élective à un fétiche, objet fascinant inscrit sur le voile, et autour de quoi tourne sa vie érotique.
On voit à l'analyse (pas simple description clinique) que ce sujet a sa liberté de mouvement. Et aussi
très bien les éléments que je vous ai articulés et signalés par Binet comme par exemple ce point,
saisissant, du souvenir écran qui fixe l'arrêt (au bas de la robe de la mère, voire de son corset)
ou le rapport ambigu du sujet au fétiche : un rapport d'illusion, vécue et préférée cmme telle.
Ou la fonction si satisfaisante de l'objet inerte, à la merci du sujet pour ses relations érotiques.
Et l'analyse peut cerner ce qui se passe chaque fois que, pour une quelconque raison
le recours au fétiche fléchit, s'exténue, s'use, ou se dérobe, simplement.
Le comportement amoureux, la relation érotique du sujet, se résumant à une défense ?
C'est dans l'International journal (voir Payne, Greenacre, Gillepsie, Dugmore) ou les travaux
dans le Psycho-analytic study of child. C'est articulé dans notre schéma, Freud l'a entrevu
(quand il dit que le fétichisme est une défense contre l'homosexualité), ou Gillepsie (que la marge
entre les deux est extraordinairement mince. Bref : que nous trouvons dans les relations à
l'objet amoureux qui organisent ce cycle chez le fétichiste une alternance d'identifications :

- soit identification à la femme : avec pénis et phallus imaginaires des expériences de la période
oro-anale centrées sur l'agressivité, de la théorie sadique du coït, (bien des expériences en analyse
montrent une vision de la scène primitive perçue comme agressive, violente, voire meurtrière)
- soit inversement identification au phallus imaginaire comme pur objet que la femme pourrait
dévorer voire détruire.
= oscillation aux deux pôles de la relation imaginaire primitive à quoi l'enfant est confronté
de façon brute, avant que la relation s'instaure dans sa légalité œdipienne
par l'introduction du père comme sujet, centre d'ordre et de possession légitime.

Oscillation bipolaire de la relation,
 entre deux 2 objets inconciliables aboutissant de toute façon à issue destructrice, meurtrière.
C'est ce qu'on trouve au fond des relations amoureuses
chaque fois qu'elles sont soulevées, qu'elles tendent à s'ébaucher, qu'elles tentent de s'ordonner.
Dans la voie moderne de l'analyse, qui me rappelle mon propre chemin, l'analyste intervient là,
pour faire percevoir au sujet l'alternance de ces positions et leur signification,
introduire la distance symbolique nécessaire au sujet pour qu'il en perçoive le sens.
Ces observations, riches, fructueuses, nous montrent les mille formes que peut prendre,
ds la vie précoce du sujet, le décomplétage fondamental qui le livre à la relation imaginaire 
soit par identification à la femme / soit de la place prise du phallus imaginaire,
c'est à dire dans les deux cas dans une insuffisante symbolisation de la relation tierce.
(Des auteurs notent l'absence quelquefois répétée, la carence comme on dit, du père. (attention :
 Lacan va revenir sur ceci plus loin pour le nuancer NDMM), ainsi qu'un certain type de position
du sujet : une immobilisation forcée, singulièrement reproduite ds certains fantasmes. Payne par ex
rapporte un cas de ligotage suite à 1 extravagante prescription médicale, un enfant empêché de
marcher jusqu'à 2 ans, maintenu au lit par des liens, dans la chambre de ses parents. Etroitement
surveillé, sans aucune ébauche de réaction musculaire, il était dans 1 relation purement visuelle,
 relation aux parents assumée dans la rage et la colère qu'on peut supposer. Cas rares, comme ceux
évoqués de la phobie de certaines mères qui les fait tenir leur enfant à distance comme s'il était
source d'infection, (NDMM : et si = peur de l'infecter ?..) qui doivent contribuer à une prévalence
de la relation visuelle dans la constitution primitive à l'objet maternel).

Plus instructive que des exemples de "viciation" de la relation primaire est la relation pathologique
prise comme envers, ou complément, de l'adhérence libidinale au fétiche. La parenté avec
le fétichisme, qui englobe toutes sortes de phénomènes, est un peu guidée par l'intuition :
tel sujet attaché à un imperméable paraît de même nature que tel autre attaché à ses souliers.
Pourtant, structurellement parlant,
l'imperméable contient par lui-même des relations et une position différentes de celles du soulier :
le soulier est directement dans la position de voile entre le sujet et l'objet.
L'imperméable déjà fait partie des fétiches plus enveloppants, de plus il se signale par la
qualité -spéciale- du caoutchouc, trait fréquemment rencontré, et qui recèle quelque mystère
ayant à voir avec la sensorialité (contact spécial avec le caoutchouc proche d'une doublure de
peau) ou avec des capacités d'isolement spéciales. De la structure des rapports délivrés dans
certains centres où l'observation est faite analytiquement, on voit que l'imperméable joue un rôle
qui n'est pas exactement celui du voile. Le sujet ne se situe pas devant le voile, le voile est
plutôt quelque chose derrière quoi le sujet se centre, à la place de la mère, en identification à
une mère qui a besoin d'être protégée. Ici c'est par l'enveloppement.
C'est plutôt du coté du transvestisme où l'enveloppe est plus de l'ordre de la protection que
du voile, comme une égide ** , en fait, dont s'enveloppe le sujet identifié au personnage féminin.

Autre relation particulièrement exemplaire : des explosions d'exhibitionnisme, soit réactionnel
soit en alternance avec le fétichisme, observés quand le sujet tente de sortir de son labyrinthe à cause
d'une mise en jeu du réel qui l'a déstabilisé, qu'il y a cristallisation ou renversement de sa position.
Pensez à la jeune homosexuelle quand l'introduction du père comme élément réel fait s'interchanger
 les termes : quand ce qui était situé dans l'au-delà (le père symbolique) est pris dans la relation
  imaginaire, et que le sujet prend une position homosexuelle démonstrative par rapport au père.

Autres très jolis cas de sujets qui, en tentant d'accéder à une relation pleine (ds des conditions
de réalisation artificielle, de forçage du réel) expriment par un acting-out, donc au plan imaginaire,
ce qui était symboliquement latent à la situation. Exemple : un sujet tente pour la 1ère fois un rapport
réel avec une femme, mais s'engage dans cette expérience pour montrer ce qu'il est capable de faire.
Il y réussit plus ou moins bien grâce à l'aide de la femme ... mais dans l'heure qui suit, et alors que rien
ne laissait prévoir chez lui que de tels symptômes soient possibles, il se livre à une exhibition.
Très singulière, fort bien calculée : il va montrer son sexe au passage d'un train international,
 là où personne ne peut le prendre la main dans le sac.
Le sujet a été forcé de donner 1 issue à quelque chose qui était implicite, son exhibitionnisme
fut l'expression, la projection, au plan imaginaire, de ce dont il n'avait pas compris les implications
symboliques, à savoir que dans l'acte qu'il venait d'accomplir il ne s'agissait que d'essayer de
montrer qu'il était capable d'avoir une relation normale. 1 forme d'exhibitionnisme réactionnel,
qu'on retrouve  dans des observations voisines du fétichisme, d'autres carrément fétichistes :
on sent que ces actes délinquants sont des équivalences du fétichisme.
[M. Schmideberg : un homme a épousé une femme deux fois plus grande que lui, un ménage où il
jouait le rôle d'ubuesque souffre-douleur en faisant de son mieux face à l'horrible situation. Averti
qu'il va être père, se précipite dans 1 jardin public et montre son organe à 1 groupe de jeunes filles.
Mme Schmideberg, ici un peu trop Anna-freudienne, fait toutes sortes d'analogies ... son père était
déjà un tant soit peu victime de sa femme et s'était dégagé de la situation en se faisant surprendre
avec une bonne, et avait mis sa conjointe à sa merci par l'intermédiaire de la revendication jalouse.
Cela n'explique rien, et Schmideberg évite le principal.
Elle croit avoir analysé (short analysis en plus) une perversion. Mais pas la peine de s'émerveiller,
il n'y a pas plus de perversion que d'analyse. Elle laisse de coté que ce qui s'est manifesté,
par un acte d'exhibition, c'est du sujet : on ne peut expliquer cet acte qu'en se référant
au mécanisme de déclenchement par quoi c'est ce qui vient là en plus dans le réel, et qui est
 inassimilable symboliquement, qui fait se précipiter ce qui est au fond de la relation symbolique,
à savoir l'équivalence phallus-enfant.
Faute de trouver une autre façon d'assumer cette paternité, faute même d'y croire, le brave homme
est allé montrer au bon endroit l'équivalent de l'enfant,
soit ce qui lui restait alors comme usage de son phallus.

30 janvier 1957.


Et comme Lacan suit admirablement son fil, de séminaire en séminaire, et de leçon en leçon,
dans la prochaine il sera question de L'IDENTIFICATION AU PHALLUS.


http://divanfauteuilgargoulettepsychanalyse.blogspot.fr/2011/10/seminaire-iv-lecon-10-lidentification.html
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Séminaire IV, leçon 8 : Dora et la jeune homosexuelle.


    Séminaire IV sur LA RELATION D OBJET ET LES STRUCTURES FREUDIENNES
1 ère partie :   THEORIE DU MANQUE D OBJET
                          1. introduction
                          2. les trois formes du manque d'objet
                          3. le signifiant et le saint-esprit
                          4. la dialectique de la frustration
                          5. de l'analyse comme bundling et ses conséquences.
2 ème partie : LES VOIES PERVERSES DU DESIR
                          6. Le primat du phallus et La jeune homosexuelle
                          7. "On bat un enfant" et La jeune homosexuelle.
                          8. Dora et la jeune homosexuelle.






Dans la revue Psychanalyse vous retrouverez une nouvelle tentative de la logique
là où elle est particulièrement vivante : dans notre pratique.
Et je vous renvoie à notre fameux jeu de pair/impair, et mon introduction sur la leçon La lettre volée.

Les 3 temps de la subjectivité en rapport avec la frustration ayant trait au manque d'objet :
Position zéro du problème : une opposition, l'institution du symbole + ou - , présence ou absence.
Le second temps est que le fait de déclarer pair ou impair est une sorte de demande, qui nous met
en posture d'être gratifié ou non par la réponse de l'autre qui, comme il a déjà les dés en main,
il ne dépend plus de lui que ce qu'il a satisfasse ou non notre demande.
A ce 2nd stade du rapport duel instituant appel et réponse, s'établira le niveau de la frustration.
On en voit le caractère absolument évanouissant, littéralement impossible à satisfaire.
La troisième dimension donne son sens au jeu : la dimension de la loi latente à l'exercice du jeu.
Car de dont il s'agit du point de vue du demandeur, c'est que l'autre
est censé lui suggérer à tout instant la régularité, la loi, qu'en même temps il s'efforce de lui dérober.
L'institution d'une régularité, d'une loi conçue comme possible, celui qui propose la partie cachée
du jeu en suggère à chaque instant la naissance tout en la dérobant. C'est à ce moment que
s'établit ce qui est fondamental dans le jeu et lui donne son sens intersubjectif en lui donnant
une dimension qui n'est plus duelle, qui est une dimension ternaire. La valeur de mon texte
repose sur cette dimension essentielle : la nécessité qu'existent 3 termes pour que 
puisse commencer à s'articuler quelque chose ressemblant à 1 loi. 3 temps intersubjectifs
base observable de l'introduction de l'objet dans la chaîne symbolique. Car du fait que cet objet
vient à notre portée, sous notre juridiction, dans la pratique, il faut bien qu'il entre dans cette chaîne.

Nous en étions là dans l'histoire de notre cas d'homosexualité féminine, à ce 3 ème temps
constitué à partir d'une situation de départ. Je fais une concession au point de vue progressif avec
cette chronologique passé ==> futur pour faciliter les choses en nous rapprochant de ce qui se fait
d'habitude dans la dialectique de la frustration, sachant que la concevoir sommairement,
ne pas distinguer réel/imaginaire/symbolique aboutit à des impasses que je vous montrerai.

Voyons d'abord les principes des relations entre l'objet, la constitution de la chaîne symbolique.

D'abord : position de la jeune fille à la puberté : 
1 ère structuration symbolique et imaginaire classique, conforme à la théorie,
l'équivalence pénis-imaginaire/enfant instaure le sujet comme mère imaginaire par rapport  
 à un au-delà, le père dans sa fonction Symbolique, celui qui peut donner le phallus
c'est une puissance inconsciente (après le déclin du complexe d'Oedipe), et le Père en tant que 
celui qui peut donner l'enfant, est dans l'inconscient
(On avait le schéma en Z avec de : an haut à droite à en bas à gauche : Mère imaginaire, Enfant réel, Pénis (-) imaginaire, Père symbolique)

Arrive (deuxième temps) le moment "fatal" où il intervient dans le réel du fait qu'il donne
un enfant réel à la mère réelle : l"enfant du père" avec quoi la fille était en relation imaginaire
existe dans le réel. Quelque chose de réalisé n'est pas soutenable dans une position imaginaire.
L'intervention du père au niveau de "l'enfant dont il la frustrait" transforme l'équation
et sur le schéma en Z les places imaginaire/réel/symbolique) bougent. 
La relation du sujet avec le père, qui était dans l'ordre symbolique (formule inconsciente) s'inverse et
passe dans la relation imaginaire. C'est le troisième temps : une projection de la formule inconsciente
du 1er équilibre dans une relation "perverse", la relation imaginaire de son rapport avec la dame.
(Le schéma : de en haut à droite vers bas gauche : Enfant, Dame, Père imaginaire, Pénis symbolique (et une flèche de "Père Symb." à "Dame")

Expliquons la position des termes en jeu : D'abord ils imposent une structure : changer
la position de l'un fait bouger les autres, et l'analyse nous montre ce que cela signifie.
Ensuite Freud dit quelque chose de crucial sur cette observation : en raison de la conception
qu'il adopte, il cristallise entre lui et la patiente une position qui n'est pas satisfaisante puisque
elle interrompt l'analyse. Mais on ne peut mettre tout sur l'impasse de la position de la malade,
 son intervention à lui, sa conception, ses préjugés doivent y être aussi pour quelque chose : il donne
des exemples des résistances insurmontables et de leur sens exprimé surtout dans un rêve.
Rêve qui aurait pu donner l'espoir que la situation se normalise, un rêve où il ne s'agit que de réunion,
conjugo, mariage fécond, conjoint idéal, survenue d'enfants etc.. bref un rêve qui va dans le sens
que société et famille, sinon Freud, peuvent souhaiter de mieux comme issue du traitement.
Et Freud, fort de tout ce que lui dit la patiente sur ses intentions et ses positions, ne prend pas le rêve
au pied de la lettre et n'y voit qu'une ruse destinée à le décevoir, à l'illusionner et le désillusionner,
comme dans le jeu subjectif du devinement évoqué plus haut. A l'objection "Mais alors, l'inconscient 
peut mentir ?" il répond par un passage de La science des rêves (j'ai évoqué cela suite au rapport 
de Lagache sur le transfert) qui dit que le désir préconscient est comme l'entrepreneur du rêve,
mais il ne représente pas l'inconscient, pour cela il y faut aussi un désir inconscient.
Freud, qui distingue bien les deux désirs, n'en tire pas les conséquences, soit la distinction entre
ce que le sujet amène dans son rêve, que est inconscient et le facteur relation duelle 
quand quelqu'un raconte un rêve en s'adressant à quelqu'un. Un rêve produit en analyse comporte 
toujours une direction vers l'analyste, qui n'est pas obligatoirement la seule direction inconsciente.
Donc :
considérer les intentions que Freud dit être celles que la malade avoue (jouer avec son père le jeu
de la tromperie, feindre de se soumettre au traitement  en maintenant sa position, fidèle à la Dame),
et ce qui s'exprime dans le rêve n'est que l'intentionnalité préconsciente de tromperie ?
Il ne semble pas.
Car si ce qu'elle formule est bien dans une dialectique de tromperie
ce que formule l'inconscient (à la 3ème comme à la 1ère étape) est autre chose : l'inconscient
formule ce qui est détourné à l'origine, qui venait du père. Ramené au signifiant cele devient
le message de la fille, mais sous une forme inversée quelque chose comme "tu es ma femme",  
ou "tu es mon maître", ou "tu auras un enfant par moi." Nous savons que c'est toujours
sur cette promesse que se fonde l'entrée de la fille dans le complexe d'Oedipe
La position de notre jeune fille a démarré là aussi, et son rêve satisfait à cette promesse.
L'expérience montre que ce contenu de l'inconscient est toujours avéré.

Freud hésite devant ce contenu, car il n'était pas arrivé à une formule épurée du transfert.
Car il y a dans le transfert élément imaginaire et élément symbolique, et un choix à faire.
Si le transfert a un sens, ainsi que la notion de Wiederholungszwang qu'il apporte ultérieurement,
et j'ai passé une année pour vous faire voir ce qu'elle voulait dire, c'est que :
c'est parce qu'il y a insistance propre à la chaîne symbolique qu'il y a transfert.
C'est une insistance qui, par définition, n'est pas assumée parle sujet. 
Pourtant le seul fait qu'elle se reproduise, en venant à l'étape 3, qu'elle subsiste dans un rêve,
permet de dire que ce rêve
même s'il paraît trompeur car il est au niveau imaginaire et en relation directe avec le thérapeute,
 ce rêve est, et lui seul, le représentant du transfert au sens propre. Freud aurait dû y mettre
sa confiance et intervenir avec audace. Mais sa position sur le transfert oscillait, pas encore sûre que
le transfert se passe essentiellement au niveau de l'articulation symbolique. C'est d'elle qu'il
s'agit quand nous parlons de transfert, et de l'analyse comme lieu du transfert. De l'articulation
symbolique avant que cela soit assumé par le sujet, comme dans ce qui est ici un rêve de transfert.
Donc Freud note qu'il y a quelque chose de l'ordre du transfert,
mais il n'en tire pas la conséquence stricte ni la méthode adéquate d'intervention.
Et cela vaut pour un autre cas, celui de Dora : le problème s'ouvre au même niveau,
de la même façon, mais il fait l'erreur contraire. Les deux cas s'équilibrent admirablement, ils
s'entrecroisent strictement l'un vers l'autre : même confusion entre imaginaire et symbolique
mais surtout, ils se correspondent strictement dans leur constellation totale,
à ceci près que l'un s'organise, par rapport à l'autre, sous la forme du positif au négatif,
 illustrant parfaitement la formule de Freud, que la perversion est le négatif de la névrose.

Termes communs aux deux jeunes filles : un père, sa fille, une dame autour de qui tourne le
problème. La différence : pour Dora, ce qui concerne "Mme K" est caché à Freud, pour qui il s'agit
d'une petite hystérique amenée pour quelques symptômes, mineurs mais caractérisés, et une sorte de
menace de suicide. Mais le père la présente comme une malade, ce qui dénote une crise
dans le groupe social où se maintenait un certain équilibre. Equilibre rompu depuis deux ans en fait,
en raison de ce qui est dissimulé à Freud : le père avait une maîtresse, Mme K, épouse de Mr K.
Ce couple et le couple père-fille constituant une sorte de quatuor, la mère hors du tableau,
contrairement au cas de la jeune homosexuelle où la mère, présente, ravit l'attention du père, ce qui
introduit l'élément de frustration réel déterminant dans la formation de la constellation perverse.
Dans le cas Dora c'est le père qui introduit une femme, Mme K (et éjecte la mère NDMM).
Dora marque de manière frappante immédiatement à Freud sa revendication, extrêmement vive,
que tout son comportement montre, de l'affection de son père qui lui a été ravie par cette liaison,
 dont elle a toujours été avertie, de sa permanence, sa prévalence, qu'elle ne peut plus la tolérer.
FFFreud fait alors un pas,
le premier pas, le plus décisif de l'expérience freudienne : il ramène Dora à une question.
En l'occurrence c'est "Ce contre quoi vous vous insurgez là comme contre un désordre,
n'est-ce pas quelque chose à quoi vous avez vous-même participé ?" Car il met très vite
en évidence que jusqu'à un certain moment, la position a été soutenue par Dora elle-même.
Elle y a été complaisante, elle en a été la cheville, protégeant les apartés du couple père/dame,
se substituant à la dame dans ses fonctions (gardant les enfants), et même qu'elles ont un lien
tout à fait spécial en ce sens qu'elles sont allées très loin dans les confidences.
 (je dirais qu'elle a été utilisée, qu'elle l'a fait pour plaire, et que cela explique sa rancœur NDMM).
Tout ce que je dis sur le cas n'est qu'un rappel rapide,
alors que ce cas est d'une telle richesse qu'on y fait encore des découvertes.
(Par ex. l'intervalle de 9 mois entre le symptôme hystérique de l'appendicite et la scène du lac, que
Freud croit découvrir parce que la malade le lui donne de façon symbolique, alors qu'il s'agit en fait
de 15 mois. Or "quinze mois" a du sens car le chiffre 15 se retroue partout dans l'observation, c'est
donc un élément utile pour la compréhension, que cette valeur purement symbolique -nombre).
Freud s'aperçoit après-coup qu'il a échoué à cause d'une résistance de la patiente à admettre
sa relation amoureuse à Monsieur K, il le lui suggère de tout le poids de son insistance, son autorité.
Il indique même qu'il a sans doute fait une erreur, qu'il aurait dû comprendre que l'attachement
homosexuel à Mme K était la signification de la position primitive, et de la crise de Dora.
L'important n'est pas seulement que Freud le reconnaisse après-coup : on voit tout au long de
l'observation qu'il est dans la + grande ambiguïté concernant l'objet réel du désir de Dora.
Essayons de formuler cette ambiguïté, en quelque sorte non résolue : Il est clair que la personne de
Monsieur K a une importance prévalente pour Dora, qu'il y a une sorte de lien libidinal.
Mais il y a aussi quelque chose d'un autre ordre, et d'un très grand poids, qui joue un rôle
dans le lien libidinal de Dora avec Madame K. Voyons comment ces éléments pourraient expliquer
la progression de l'aventure, le moment où elle s'arrête, sa crise, le point de rupture de l'équilibre.
J'ai abordé cette observation il y a cinq ans, un premier abord en quelque sorte clinique 
sur la structure des hystériques :
l'hystérique est quelqu'un qui aime "par procuration" du fait qu'elle aborde l'objet homosexuel
en s'identifiant avec un de l'autre sexe. Je suis remonté à la relation qui est la matrice du moi,
 l'urbild du moi en tant que constitution imaginaire : je veux dire la relation narcissique,
dont j'avais repéré les traces dans l'observation :
en effet, la situation de "quadrille" ne se comprend que si on admet que le moi -et le moi seul-
de Dora fait une identification à un personnage viril => les hommes devenant des cristallisations
possibles de son moi, par cet intermédiaire ("être" la personnalité imaginaire de Mr K)
que Dora est attachée à la personne de Mme K.
J'étais même allé plus loin :
Madame K est quelqu'un d'important pas seulement en tant qu'objet d'un choix entre des objets,
et investie de la fonction narcissique au fond de tout amour, Verliebtheit,
mais parce que, comme les rêves autour de quoi tourne l'observation l'indiquent :
Madame K., c'est la question de Dora.
Transcrivons cela dans notre formulation et situons le quatuor dans notre schéma fondamental :
Dora, en tant qu'hystérique, venue au niveau de la crise œdipienne, a à la fois pu la franchir et n'a pas
pu la franchir car son père contrairement à celui de la jeune homosexuelle, est impuissant.
C'est central dans l'observation cette notion d'impuissance, et cela nous montre de façon exemplaire
 ce que peut être la fonction du père par rapport au manque d'objet par quoi la fille 
entre dans l'œdipe : sa fonction en tant que donateur.
Rappelez-vous la distinction que j'ai faite à propos de la frustration primitive qui peut s'établir dans
dans le rapport de l'enfant à sa mère : il y a l'objet dont l'enfant est frustré, et il y a son désir,
qui subsiste après la frustration. Ainsi l'objet, en tant qu'appartenance du sujet, subsiste aussi,
et c'est là que la frustration a du sens : la mère intervient alors dans un nouveau registre,
elle donne, ou ne donne pas, mais en tant que ce don est un signe d'amour.
Le père, lui, est fait pour être celui qui donne symboliquement cet objet manquant.
Dans le cas de Dora il ne le donne pas parce qu'il ne l'a pas, on peut le dire parce que
cette carence phallique du père traverse toute l'observation comme constitutive de la position.
Mais là encore ce n'est pas sur ce seul plan,
purement et simplement par rapport à ce manque qu'une crise va s'établir. Voyons :
qu'est-ce que donner ? y a-t-il une autre dimension introduite dans la relation d'objet
devenue symbolique par le fait qu'elle est possiblement donnée ou non ?
C'est la question, dont nous voyons une issue exemplaire avec le cas de Dora.
En effet, Dora
reste si attachée à ce père dont elle ne reçoit pas symboliquement le don viril que son histoire
 commence exactement à l'âge de l'issue de l'œdipe avec une série d'accidents hystériques nettement
liés à des manifestations d'amour pour lui qui apparaît à ce moment-là comme blessé et malade,
frappé dans ses puissances vitales. Un amour strictement corrélatif alors à la diminution du père.
Remarquez cette distinction très nette :
ce qui intervient dans la relation d'amour, ce qui est demandé comme signe d'amour,
c'est quelque chose qui ne vaut que comme signe :
 pas de plus grand don possible, de plus grand signe d'amour, que le don de ce que l'on n'a pas.
La dimension du don en tant que quelque chose qui circule existe avec l'introduction de la loi.
Comme l'affirme la méditation sociologique, le don qu'on fait est toujours le don qu'on a reçu.
 Mais quand il s'agit du don entre deux sujets, le cycle des dons vient aussi d'ailleurs,
car ce qui établit la relation d'amour c'est le don donné, si l'on peut dire, "pour rien".
Le principe de l'échange c'est : rien pour rien.
Mais "rien" est ambigu, et la formule évoque autant l'intérêt que la pure gratuité.
Dans le don d'amour, quelque chose est donné pour rien, qui ne peut être que rien :
ce qui fait le don alors c'est qu'un sujet donne de façon gratuite qaund derrière ce qu'il donne
il y a ce qui lui manque : il sacrifie au-delà de ce qu'il a. Comme dans le don primitif
à l'origine des échanges humains, sous la forme du potlach. Supposons un sujet chargé du comble
de toutes les richesses possibles, un don venant de lui aurait-t-il la valeur d'un signe d'amour ?
Les croyants s'imaginent aimer Dieu parce qu'il détiendrait une plénitude totale, un comble d'être.
Mais cette reconnaissance envers un Dieu qui serait tout est pensable parce qu'au fond de toute
croyance, il y a ce quelque chose qui reste, là, qu'à cet être censé être un tout il manque
le principal de l'être : l'existence. Au fond de toute croyance au Dieu comme parfaitement
et totalement munificent, il y a la notion de ce je ne sais quoi qui lui manque toujours, et qui fait que
l'on peut tout de même toujours supposer qu'il n'existe pas. (raison pour laquelle les non
croyant sont assimilés au diable par certains NDMM)
Il n'y a pas d'autre raison d'aimer Dieu, si ce n'est que peut-être il n'existe pas.

En tout cas Dora en est là, quand elle aime son père : elle l'aime pour ce qu'il ne lui donne pas,
toute la situation ne peut se penser qu'à partir de cette position primitive, et qui va se maintenir.
 Comment elle a pu être supportée quand le père s'est engagé dans quelque chose d'autre, que Dora
elle-même semble avoir induit ? L'observation repose sur le ternaire Père-Dora-MmeK.

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Mme K.                     Dora                      Père

La situation s'instaure comme si Dora se demandait Qu'est-ce que mon père aime dans Mme K?
Mme K qui se présente donc comme quelque chose que son père peut aimer au-delà d'elle,
et elle s'attache à ce qui est aimé par son père dans une autre,
parce qu'elle ne sait pas ce que c'est.
C'est conforme à la théorie de l'objet phallique
qui dit que le sujet féminin entre dans la dialectique de l'ordre symbolique par le don du phallus.
Freud n'a jamais nié le besoin réel appartenant à l'organe féminin, à sa physiologie,
 mais ce n'est pas par lui qu'elle entre dans la position de désir,
car le désir vise le phallus à recevoir comme don, en tant que, absent,ou présent ailleurs,
il est porté à la dignité d'objet de don.
En tant que don il fait entrer le sujet dans le mouvement général de l'échange qui normalisera
 toutes les positions, y compris les interdictions essentielles qui fondent ce mouvement général.
C'est à l'intérieur de cela que le besoin réel lié à l'organe féminin,
et dont Freud n'a jamais songé à nier l'existence, se trouvera avoir sa place et se satisfaire,
latéralement car jamais repéré symboliquement comme quelque chose qui ait ce sens symbolique,
et il reste lui-même problématique, placé en avant d'un certain franchissement symbolique.

C'est ce dont il s'agit dans le déploiement de tous ces symptômes, dans l'observation de Dora.
Dora s'interroge sur Qu'est-ce qu'une femme ?
Parce que Mme K. incarne la fonction féminine, elle est pour Dora la représentation de ce dans quoi
elle se projette avec sa question. Avec Mme K Dora est sur le chemin du rapport duel, ou plutôt :
Mme K. étant ce qui est aimé au-delà de Dora, Dora se sent elle-même intéressée à cette position,
car Mme K. réalise ce qu'elle, Dora, ne peut rien savoir de cette situation où elle ne peut se loger.
Si ce qui est aimé dans un être est au-delà de ce qu'il est,
ce qui est aimé, en fin de compte, c'est ce qui lui manque.
Dora, qui se situe quelque part entre son père et Mme K (schéma plus haut), se sent satisfaite
tant que cette position (symbolisée de mille manières dans l'observation, par la façon dont le père
supplée à son impuissance, à ce qu'il ne réalise pas comme présence virile, par le don symbolique,
y compris matériels dont il fait bénéficier Dora au passage, munificences qu'il répartit également
sur sa maîtresse et sa fille, englobée dans la position symbolique), est maintenue. Pourtant elle tente
de restituer l'accès à une position inverse en rétablissant 1 situation triangulaire non plus avec le père
mais vis à vis de la femme qu'elle a en face. Là intervient Monsieur K par qui peut effectivement
 se fermer un triangle (Dora, Mr K, Mme K), mais en position inversée.

Mr K
*

                        
                           ---|-------------------|--------------------|----
                       Mme K             Dora                     Père


C'est par intérêt pour sa question que Dora considère Monsieur K faisant partie de ce qui
symbolise le côté question de la présence de Madame K, à savoir l'adoration (qui s'exprime par
une association symbolique très manifeste madame K/Madone Sixtine). En effet Mme K est


un objet d'adoration pour tous ceux qui l'entourent, et c'est comme participante à cette adoration
que Dora se situe par rapport à elle. Intégrer Monsieur K, élément masculin, dans le circuit,
est sa façon de normativer cette position.
Quant le gifle-t-elle ? pas quand il la courtise et lui dit qu'il l'aime, ou quand il s'approche d'elle
d'une façon intolérable pour une hystérique, mais quand il lui dit (la formule allemande a un sens
particulièrement expressif et vivant si nous donnons toute sa portée au terme "rien")
Ich habe nichts an meiner Frau.  Cela le retire du circuit, qui s'établit ainsi :  
Ce schéma vient du site de Patrick Valas, dans le séminaire Lacan ne dessine que le Z,
avec Dora et Mr K à qui elle s'identifie sur la ligne imaginaire, Mme K la question de Dora,
et le Père, Autre par excellence.    


Dora peut admettre que son père aime en elle et par elle ce qui est au-delà, soit Mme K.
Mais pour que Monsieur K soit tolérable il faut qu'il occupe la fonction équilibrante inverse,
qu'il aime Dora en tant qu'elle est au-delà de sa femme, et si sa femme est quelque chose pour lui,
la même chose que ce rien qu'il doit y avoir au-delà d'elle, Dora. Il ne dit pas que
"sa femme n'est rien pour lui", il dit "qu'il n'y a rien du côté de sa femme". On retrouve ce an
dans mille locutions allemandes (par ex Es fehlt an Geld) comme accointance, adjonction,
dans l'au-delà de ce qui manque, et c'est ce que veut dire Monsieur K : il n'y a rien après sa femme,
sa femme n'est pas dans le circuit. Mais s'il ne s'intéresse qu'à sa personne, cela veut dire que
son père ne s'intéresse qu'à Mme K, toute la situation rompue : Dora ne peut plus le tolérer.

C'est pourtant une situation typique aux yeux de Freud, et comme Levi-Strauss le montre dans
"Les structures élémentaires de la parenté" : ce qui est au principe de l'échange des liens de
l'alliance c'est Je reçois une femme je donne une fille, loi qui fait de la femme un pur objet,
femme comme pur et simple objet d'échange dans quoi elle n'est pas intégrée, par rien.
Mais si elle-même a renoncé à quelque chose, c.à.d. au phallus paternel conçu comme objet du don
alors elle pourra concevoir,  subjectivement, de recevoir d'autres (hommes). 
Si elle est exclue de la 1 ère situation du don et de la loi dans le rapport direct du don d'amour, 
elle ne peut vivre la situation qu'en se sentant réduite purement et simplement à l'état d'objet.
C'est ce qui se passe à ce moment-là pour Dora, qui se révolte et commence à dire mon père
me vend à quelqu'un d'autre, résumant clairement la situation maintenue dans un demi-jour :
c'était bien, pour le père, une façon de payer la complaisance du mari que tolérer de façon voilée
qu'il mène auprès de Dora la courtisanerie à laquelle il se livrait. Et ce monsieur K s'avoue
comme ne faisant pas partie de ce circuit où elle pouvait, soit l'identifier à elle-même,
soit penser qu'elle était cet objet au-delà de sa femme par où elle se rattache à lui :
les liens, certes subtils et ambigus certes mais dotés d'un sens et de l'orientation qui lui permettaient
de trouver sa place dans le circuit, même de façon instable, sont rompus.
La situation se déséquilibre, Dora se vit chue au rang de pur et simple objet.
Elle commence alors à entrer dans la revendication, revendication de ce que jusqu'alors elle pensait
recevoir, même par l'intermédiaire d'une autre : l'amour de son père.
Et puisqu'il lui est refusé totalement, elle va le revendiquer exclusivement.

Il y a une différence de registre des situations où sont impliquées Dora et la jeune homosexuelle.

Si ce qui est maintenu dans l'inconscient de notre jeune homosexuelle
est bien cette "promesse" du père qu'il lui donne un enfant,
et si dans son amour exalté pour la dame elle montre, comme nous le dit Freud,
le modèle de l'amour totalement désintéressé, de l'amour pour rien, on voit que ce qui se passe
c'est comme si elle voulait montrer à ce père ce qu'est le véritable amour, qu'il lui a refusé.
Il y a sans doute dans l'inconscient du sujet la pensée que le père s'est impliqué auprès de la mère
parce qu'il y trouve plus d'avantages, relation fondamentale pour que l'enfant entre dans l'oedipe :
la supériorité écrasante du rival adulte.
Ce que la fille démontre au père, c'est qu'on peut aimer quelqu'un non seulement pour ce qu'il a,
 mais littéralement pour ce qu'il n'a pas, ce pénis symbolique dont elle sait très bien
qu'il ne se trouve pas dans la dame,
parce qu'elle sait très bien où il se trouve : chez son père qui, lui, n'est pas impuissant.
 On voit ici
comment s'exprime ce qu'on appelle "perversion" : entre les lignes, par contrastes, par allusions.
Une façon de parler d'une chose tout en impliquant, par une suite rigoureuse de termes choisis,
une contrepartie, qui est ce qu'on veut précisément faire entendre.
C'est ce que j'ai appelé la métonymie : faire entendre une chose tout en parlant d'une autre.
Appréhender de manière générale cette notion fondamentale de la métonymie permet
de comprendre ce que veut dire la perversion, dans l'imaginaire. 
La métonymie est au principe de ce qu'on appelle dans l'art, dans la fabulation, le réalisme.
Un roman qui est fait d'un tas de petits traits sensibles du réel qui ne veulent rien dire, vaut par
ce qu'il fait vibrer harmoniquement : un sens, au-delà. Ainsi au début de Guerre et paix
le thème qui revient, les épaules nues des femmes, vaut pour quelque chose d'autre.
C'est ce qui rend supportables les grands romanciers : tout ce qu'ils s'appliquent à nous montrer
ne trouve son sens ni symboliquement, ni allégoriquement, mais par quelque chose
qu'ils font retentir à distance. Ainsi pour le cinéma : un film est bon quand il est métonymique.
Dans ce sens la fonction de perversion du sujet est une fonction métonymique.
Ainsi dans la perversion (schéma) nous avons affaire à  : une conduite signifiante
indique un signifiant plus loin dans la chaîne signifiante, qui lui est lié par un autre, nécessaire,

pour Dora, qui est névrotique, c'est autre chose.
Dora prise comme sujet se met à tous les pas sous un certain nombre de signifiants de la chaîne,
trouvant dans la situation une sorte de métaphore perpétuelle. Monsieur K, par exemple,
est littéralement une de ses métaphore car elle ne sait pas où se situer, ni ce qu'elle est,
 ni où elle est, et à quoi sert l'amour. Elle sait qu'il existe, et elle va en trouver une historisation
dans laquelle prendre place sous la forme d'une question.  (Le caméléon ?.. NDMM)
Question qui s'entend dans le contenu, dans l'articulation des rêves (boite à bijoux, Bahnhof,
Friedhof, Vorhof ..) qui ne signifient rien d'autre que cette question. Parce que Dora s'interroge
sur ce qu'est être femme elle l'exprime par des symptômes, éléments signifiants en tant que
sous eux court un signifié toujours mouvant qui constitue la façon dont Dora s'y implique.
La névrose de Dora s'avère donc métaphorique,
et en ce sens elle peut être dénouée.

Freud a voulu a voulu forcer l'élément réel de cette métaphore. L'élément réel tend toujours
à se réintroduire dans une métaphore. Quand Freud dit,  "Ce que vous aimez, c'est ceci",
quelque chose tend à se normaliser dans la situation (Mr K entre en jeu), qui reste quand même
métaphorique : une sorte d'engrossement de Dora suit la crise-rupture avec Mr K que Freud,
avec son prodigieux sens intuitif des significations, aperçoit : une étrange fausse-couche,
significative, se produit au terme de 9 mois. Freud le dit parce tel Dora en parle, avouant par là
qu'une sorte de grossesse est bien en jeu. Car la vraie date dit 15 mois, rien à voir avec grossesses.
Ce qui est significatif c'est que Dora y voit le dernier retentissement du lien avec Mr K.


Quelque chose équivalent à une copulation se traduit dans l'ordre du symbolique,
d'une façon purement métaphorique, avec un symptôme qui est, une fois de plus, une métaphore.
C'est la tentative de Dora de rejoindre la loi des échange symboliques,
en relation avec l'homme auquel s'unir ou se désunir.

Par contre l'accouchement qui se rencontre à la fin de l'observation de la jeune homosexuelle, avant
qu'elle vienne chez Freud, se manifeste autrement : brusquement, elle se jette d'un petit pont de
chemin de fer. Cela au moment où le père réel intervient pour lui manifester son irritation et sa
colère, et que sa "dame" ne veut plus la voir. La jeune fille perd ses derniers ressorts.
 Jusque-là elle était frustrée du phallus paternel qui devait lui être donné, mais avait trouvé moyen
de maintenir le désir par la voie de la relation imaginaire avec la dame. Celle-ci la rejetant,
elle ne peut plus rien soutenir du tout.
L'objet est définitivement perdu, et même ce rien dans lequel elle s'est instituée pour démontrer
 à son père comment on peut aimer, n'a plus de raison d'être : à ce moment-là elle se suicide.
Cela a comme autre sens, souligne Freud, le sens d'une perte définitive de l'objet. Ce phallus
qui lui est décidément refusé tombe : niederkommt, une chute, à valeur de privation définitive.
On y voit aussi la mimique (ce n'est pas métaphorique) d'une sorte d'accouchement symbolique,
mais du coté métonymique, ce dont nous avons parlé un peu avant. Freud interpréte l'acte de se
précipiter d'un pont de chemin de fer au moment critique et terminal de ses relations avec la dame
et le père comme la démonstration de se faire à elle-même cet enfant qu'elle n'a pas eu
et en même temps se détruire dans un dernier acte significatif de l'objet, parce qu'il se fonde
sur l'existence du mot niederkommt qui indique, métonymiquement, le terme dernier, le suicide.
Là s'exprime ce dont il s'agit chez la jeune homosexuelle, l'unique ressort de sa "perversion" 
(formule lacan "père-version" NDMM) : l'amour stable et très renforcé, pour le père.
Ce qu'il a maintes fois affirmé concernant la pathogenèse d'un certain type d'homosexualité féminine.


Après la 1 ère partie " Théorie du manque d'objet "
et la 2 ème " Les voies perverses du désir "

la 3 ème partie " L'objet fétiche",
commence avec la leçon (9) sur la fonction du voile.

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