jeudi 19 juin 2014

Article ouvrant le blog, du 17 août 2011.

1 ère séance : Je reviendrai.

Femmes fellah puisant de l'eau. J.L.Gerome.

 Je reviendrai, un jour, sur "gargoulette". 
Ce qui vaut à ce mot de figurer ici en bonne place, c'est qu'il a "tracé sa route" 
au milieu d'autres mots-trésors, que cette route a croisé un jour celle de la psychanalyse,
de la clinique sous transfert *et qu'il a pris de ce fait une dimension particulière.
      Mais avant je vais faire un détour, ou plusieurs, des tours, ou des variations, 
sur ces mots qui tracent leur route** dans notre mémoire faite d'oublis.
La première variation c'est un texte d'Alain Merlet  intitulé "Manger sa soupe",
texte qui ouvre le recueil "Qui sont vos psychanalystes ?" paru en 2002.
Il y a dans ce texte des éléments qui me donnent l'impression d'une familiarité,
et d'autre part il entre en co-incidence avec l'idée qui sous-tend mon projet ici.
 C'est au cours de mon analyse que j'ai découvert à quel point nous nous plaçons, 
dans le cours de notre vie, sous le "patronage" de certains arrangements de mots
Cela m'arrive encore, et l'étonnement est toujours intact, sinon l'émerveillement. 
Jacques Lacan l'a formulé de mille manières, dont celle-ci :
"Dans la succession  de nos constructions fantasmatiques,
c'est toujours le même matériel qui tourne."
Oui. 
Déguisé, transformé, déplacé, condensé, trituré, dans nos constructions fantasmatiques, 
dans nos rêves, dans nos symptômes, il "trace", ce matériel, ce matériau : le mot
Si je pose que consacrer du temps à blogger est une formation symptomatique, 
alors une parenté sera inévitablement repérable entre les mots que je vais utiliser,
parce qu'ils me semblent adéquats alors qu'ils sont surtout attirants, et attirés.
Entre "Gargoulette" choisi pour ouvrir le blog, en être le point de départ, 
et dont je constate déjà à mes associations d'idées qu'il va le verctoriser,
et les mots qui résonnent dans le texte de ce parfait inconnu qui s'appelle Alain Merlet,
quelque chose "me parle", qui va me faire parler, et qui a déjà commencé.
"Soupière", par exemple, brille d'un éclat particulier, ainsi que "pierre", 
"rata", "ratatouille.. éclat qui, je le sais par expérience, cache autant qu'il éclaire.


S'il "trace, ce "matériel", c'est qu'une force le propulse 
et le pousse à s'insérer dans nos discours : méconnaissable la plupart du temps,
mais insistant, invisible sauf indices qui peuvent être interprétés, si on le désire.
  L'existence et la force de ce qui insiste ainsi, de ce qui veut faire retour et se répéter,
a constitué le socle d'une oeuvre, d'une vie de recherches et de trouvailles, 
l'oeuvre de Sigmund Freud.

                                                 
* parler à un autre, dans les conditions de la cure psychanalytique, donne à certains mots
prononcés dans son contexte (la présence de l'analyste, qui facilite, autant qu'elle rend difficile, la parole)
                     un relief et un statut particuliers : on les connaissait, on les employait à l'occasion,                                 mais tout à coup voilà qu'on y revient plus souvent, 
et surtout, ils deviennent le point de départ de pensées, de souvenirs, 
pensées et souvenirs qui eux-mêmes en amènent d'autres, par associations.  

** j'ai choisi ce terme d'une part suivant l'expression "tracer sa route", qui signifie se frayer un chemin
     parmi des situations diverses, et que j'associe à une image : l'image de quelqu'un qui avance, 
plutôt vite mais surtout sans être distrait, et dont on dit :"regarde un peu, il trace, je te dis pas !".
D'autre part, "trace", dans notre psychanalyse freudienne, c'est ce qui, des événements vécus par le sujet,
subsiste en lui et est susceptible de faire retour dans ses rêves, ses symptômes, ses discours.

samedi 7 juin 2014

Bonnes fêtes les papas : inscrire "père", et inscrire "mère".


Dans certaines écoles élémentaires, de par la France, des enseignants ont décidé, pour des motifs
que je qualifie d'à coté de la plaque, de priver les petits enfants d'une élaboration vitale
 sur le fait qu'ils ont un père, et qu'ils ont une mère. 
Toute mon enfance et adolescence j'ai eu à remplir, comme tous les écoliers, dès que j'ai su écrire,
 des fiches sur lesquelles j'inscrivais, dans la case "profession de la mère" : "décédée".
Très tôt, puisque à la mort de ma mère j'avais vingt-deux mois, mon frère quatre,
Et elle vingt-et-un ans.
Dans la case "profession du père" j'écrivais "cultivateur" faute d'en savoir beaucoup plus.
Il y avait de très bonnes raisons à ce non-savoir. 
Je reviendrai peut-être, un jour, sur de plus complètes élaborations quant à cette situation.
En attendant, je dois dire que non seulement cela ne m'a causé aucun tort, mais qu'au contraire 
cela a été une aide du coté de ma structuration. Je n'avais jamais réfléchi à cet état de choses,
c'est cette stupide décision d'enseignants qui me ramène ceci à élaborer.
L'absence totale d'affect à ce sujet suggère que peut-être, dans le contexte de notre vie d'alors,
la mienne, celle de mon petit frère, de notre père, celle de "grand-père et mémé",
dans notre vie familiale et notre vie tout court, notre vie de pieds-noirs déracinés,
et en ce qui me concerne dé-racinée au-delà du racontable, ces inscriptions de la mère et du père,
même là, même dans ces conditions, ont eu un rôle structurant.
Toute décédée qu'elle soit, inscrire ma mère au moins dans cet espace, c'était l'inscrire quelque part.
Et tout absent qu'il soit, mon père, c'était aussi l'inscrire comme père, en sa fonction. 
 Ainsi nous n'avions pas moins que les autres, nous n'étions pas moins.
Ainsi avons-nous écrit des poèmes entourés de cœurs et de rubans avec "bonne fête mémé"
ou "bonne fête grand-père", sur des banderoles accrochées dans la cuisine de La Bégude.
Comment ces inscriptions se sont tricotées avec la réalité, je l'ignore.
C'est ce qu'elles ont fait, pourtant.
Et si les enseignants d'alors, qui en ce cas furent au minimum pragmatiques, avaient,
à cause de moi,
empêché tous les élèves de ma classe, tous ceux de l'école, de fêter père et mère ?
Et bien bonjour les brimades, et bonjour la culpabilité !

Mon père a fait la campagne d'Italie et le débarquement de Provence. En 1944 il avait 19 ans.












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lundi 12 mai 2014

RENDEZ LES FILLES !


Esclavagiste, noir et musulman. 

Ses esclaves : fillettes razziées qui seront vendues, utilisées comme corps, ou pire. 



Parce que pour certains, entre aujourd'hui et les premières razzias des premiers siècles,
il n'y a rien de changé sous le soleil, la razzia est toujours d'actualité.

Au pays des aveuglés par l'ignorance, les aveuglés par la bêtise font la loi.


Il y a des discours plus appropriés qui dénoncent expressément les razzias sauvages,

Il y a aussi des discours classe entre dames de première :
les dames dites "de droite reprennent le slogan de Michèle Obama,


Mais aux bals des pintades le pompom du discours réactionnel de traviole
est attribué à des dames dites "de gauche" 
dont on pourrait penser qu'elle n'ont pas compris le truc, ce qui est déjà assez grave.
C'est peut-être pire : elles s'agitent pour détourner l'attention du crime et des criminels.

Les esclavagistes rigolent et s'éclatent dans leurs chaumières.


du coté des informations, 

Un biais pour amorcer la recherche psychanalytique :
c'est un fait que certains ignorent la culpabilité, et d'autres se sentent coupables par essence.
La culpabilité est la chose du monde occidental la mieux partagée ....
personne ne pense en être assez pourvu, tous en désirent toujours plus qu'ils n'en ont.

La Genèse, et la psychanalyse, nous ont appris que le sentiment de culpabilité 
n'a pas besoin d'une faute réellement commise pour que l'individu se vive comme coupable....
Pourquoi choisir de se ranger du côté de l'erreur, de la faute, du péché ?
Comment expliquer que le crime n'engendre pas forcément la culpabilité ?
Comment se pardonner une offense que l'on n'a pas commise ?
J'ai extrait ces quelques éléments du titre d'une émission de France-Culture intitulée
La culpabilité, 1/4, Saint-Augustin et le péché originel 
avec Paul-Laurent Assoun et Jean-Luc Marion notamment.

Voici aussi ci-dessous un commentaire d'un internaute. Pour lui, Daniel Sibony, pour qui
 "la violence du Coran à l'égard des chrétiens et des juifs est une évidence qui n'est même plus
à démontrer " aurait pris la plume pour montrer que "l'Occident se fait complice d'un tel déni"
(Et vlan ! pass'moi l'éponge ! chantait Bourvil), car en "n'aidant pas les musulmans à prendre
la distance nécessaire à l'égard des textes fondateurs il ne fait qu'aggraver le problème".
Il y a là une condescendance envers les musulmans qui finalement est bien du côté du racisme,
dont l'internaute croit se dédouaner en accusant l"Occident" donc lui en fait.

Je suis une occidentale qui n'est ni coupable ni complice du déni de violence. j'ai fait une analyse,
dont une part a été bouclée, entre autre sur ma culpabilité personnelle à moi, et dont une part
et dont une part continuera à courir, visible dans mes dire et au risque de me tromper.
Je crois qu'il est d'intérêt public d'objecter aux discours trompeurs et cyniques des gouvernants
en plaçant les événements historiques dans "l'histoire historique" si je peux me permettre,
et pas dans l'histoire travestie, amputée, maltraitée et corrigée par eux.


et aussi ceci, pour ceux qui aiment les choses longues, compliquées (mais si satisfaisantes ..)


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lundi 5 mai 2014

" Le passé continue et l'avenir arrive ".


" L'image en miroir d'un ruban de Moebius correspond à un retournement,  avant collage,
d'un demi-tour dans l'autre direction,  et de ce fait  il n'est pas identique au ruban initial ".
C'est quelque chose qui me paraît clair, et d'autant plus avec l'image.

Par contre je ne sais pas quoi faire de cet autre truc, là, de François Hollande,
dont je vais parler, qui est est du langage, assurément, c'est du langage,
mais je ne parviens pas à en attraper le moindre bout. 

J'ai entendu hier un bout d'émission de télévision où Bruno Leroux parlait,
c'était une sorte de discours, ça m'a donné le fou-rire.

Mais ce truc langagier, là, dit par François Hollande ..
1."On est entré dans la deuxième étape du quinquennat" ça se tient, c'est une phrase.
2."Le redressement n'est pas terminé ..". Bon, là aussi on comprend l'idée, on peut associer.
3.".. mais le retournement économique arrive". Aïe ! Aïe aïe aïe aïe aïe ..
Quelque chose a dévié. Tour, détour, tournis, retour de flamme, retour d'âge, tournoiement ..
J'ai d'abord pensé que c'est le "mais" qui n'allait pas.
Ou peut-être a-t-il pensé à cette satanée promesse d'inversion (de la courbe ..)
 et refoulé le terme, devenu haram.
Il aurait alors pensé à retournement, c'est pareil, mais c'est inoffensif.
Ainsi "Le retournement n'est pas terminé mais le redressement économique arrive"
c'est une formule qui pouvait glisser comme une quenelle lettre à la poste.
Sauf qu'on ne coatche pas la langue à sa guise pour la faire se comporter comme on veut.
D'une part parce que c'est la langue et le langage qui nous structurent et commandent à nos paroles,
et pas l'inverse, même si la quasi-totalité du temps on ne s'en aperçoit pas.
D'autre part autour du terme inversion, pour François Hollande, il y a des enjeux capitaux :
 tel qu'il nous l'a adressé, avec la courbe, il lui a été renvoyé avec une violence au moins égale
à celle avec laquelle il nous a imposé l'expression.
Et enfin Inversion n'a pas qu'un seul sens qui serait économique.

Posons comme hypothèse qu'entre lui et nous le terme, refoulé, est devenu tabou.
Mais le refoulé, si je peux me permettre, ça fait retour, c'est même sa caractéristique primordiale.
Et de ce grand sac où tournoient nos désirs et nos pulsions, et où gît le trésor des signifiants,
de temps en temps il y a des échappées : belles, ou gênantes, ou magnifiques, et qui ont,
comme disait ma grand'mère pour des choses ambiguës, "des airs de deux airs".

Est-ce qu'un pé-Père peut nous snober avec son quiquennat, avec son insigne du pouvoir,
sans que quelque chose, quelque part, dans le Réel du corps, le Symbolique et l'Imaginaire,
opère un redressement quelconque, 
et fasse fourcher sa langue,                                                            d'une manière ou d'une autre ?

Cela pourrait expliquer qu'après
" on est entré dans la deuxième étape du quinquennat ..
au lieu de  .. le retournement (inversion) n'est pas terminé 
mais le redressement économique arrive",
se soit échappé le superbe
le redressement n'est pas terminé mais le retournement économique arrive".
On est, là, du coté de la psychanalyse, qui s'occupe essentiellement de la mémoire et du langage.
Mais il n'est pas interdit "phénoménologiser" un peu, et de dire qu'il est normal, monsieur Hollande :
le redressement d'abord, moi-Tarzan toussa, et le reste suivra.

On sait que les hommes politiques, quand ils s'adressent à nous, lisent des mots écrits par d'autres,
qui de ce fait sont appelées leurs " plumes ". Déjà, être une plume doit avoir certains effets,
on est forcément impliqué subjectivement,
et le nombre d'adresses doit brouiller un peu les choses : le discours est adressé au peuple,
et aussi au donneur d'ordre qu'il faut séduire pour rester en place.
La plume a intérêt à se faire un peu contorsionniste. Sinon vous imaginez le risque ?
Passer de " Aquilino, tu es ma plume "   à   " Tuez ma plume Aquilino " ?
Donc la boulette peut venir de "la plume" de François hollande, mais j'ai lu que le président
Président corrige systématiquement tout ce qu'on lui soumet, tenant à apposer "sa marque".
Sachant que le symptôme à quoi il semble tenir plus que tout au monde
est de brouiller les pistes, et que pour ce faire il doit à tout prix terminer toute phrase
dans le sens contraire où il l'a commencée, ce que deviennent les textes après correction,
on en a la démonstration répétitive (Je reviendrai un jour sur le 1er impact, sur moi-même,
dans ma chair, de ces frappes langagières : c'était à propos de Jules Ferry et de la colonisation,
à cause du retournement je n'ai rien senti, et puis à la deuxième frappe .. )
  on a la démonstration, donc, déclaration après déclaration, de ces contorsions dans la langue
qui s'ajoutent aux contorsions des plumes. On devrait y être habitué, et bien non,
on est encore et toujours baba. Interloqué. Sidéré. Sonné par ce que cet homme laisse passer :
"On est entré dans la deuxième étape du quinquennat,
le redressement n'est pas terminé mais le retournement économique arrive."
pourrait être une correction, acte manqué admirablement réussi,
de ".. l'inversion n'est pas terminée mais le redressement économique arrive".

Comme je l'ai amorcé plus haut, "inversion"'(de la courbe, mais pas seulement)
est un habillage de l'objet du désir de F.Hollande.
Chargé d'opprobre, culpabilisant depuis qu'on le lui a renvoyé, il doit être refoulé.
Mais tenant lieu d'objet du désir, il ne peut pas disparaître. Il restera ! mais déguisé :
"Inversion" va être dissimulé sous "retournement".
Et pour mieux brouiller les pistes il va migrer et aller se loger là où on ne devrait pas le retrouver.
Ouiche !
Déjà le même nombre de syllabes (4) aux 2 termes, et retournement à la place redressement.
Et il est flagrant que quelque chose cloche : ça a fait les gros titres de tous les commentateurs.
Si "redressement économique" est une expression archi-banale,
"retournement économique" se voit comme le nez au milieu de la figure.
Comme tout acte manqué piloté par le désir.
Ainsi "le redressement n'est pas terminé mais le retournement économique arrive",
fût le message envoyé par François Hollande sur une trajectoire impeccablement planifiée
Sauf que quelque chose a traversé, court-circuité, interféré.



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*  http://espace.freud.pagesperso-orange.fr/topos/psycha/psysem/troisiem.htm
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