vendredi 7 octobre 2011

S.IV, I,3. Le signifiant et le Saint-Esprit

             Séminaire IV : LA RELATION D'OBJET ET LES STRUCTURES FREUDIENNES

                           partie I :   THEORIE DU MANQUE D'OBJET

                                      leçon 1. Introduction
                                              2. Les trois formes du manque d'objet
                                              3. Le signifiant et le Saint-Esprit
                                              4. La dialectique de la frustration
                                              5. De l'analyse comme bundling, et ses conséquences.



J'ai dit le bien que je pensais de l'exposé de Madame DOLTO sur l'image du corps. Nous savons que 
l'image du corps n'est pas un objet. Bien que la notion d'objet a son importance dans la définition 
des stades du développement, l'image du corps n'est pas un objet, ne le devient pas = important à
dire pour la situer parmi les objets à propos desquels on se pose la question de leur nature imaginaire.

2 exemples : la phobie et le fétiche, pour aborder ces objets possiblement imaginaires tels qu'ils nous
sont donnés dans l'expérience analytique. Objets qui n'ont pas révélé leur secret, à quelques genèses
ou contorsions fantasmatiques qu'on se soit livré : cela reste mystérieux, que les enfants, filles et
garçons, se croient obligés à certaine période de leur vie d'avoir peur des lions par exemple, objet
peu rencontré, dont il est difficile de déduire la forme de quelque donnée primitive ou inscrite, par ex.,
de l'image du corps. On peut essayer, il restera toujours un résidu (ce qu'il y a de plus fécond dans les
 explications scientifiques, et l'escamoter annulerait le progrès).

De même le nombre des fétiches sexuels est assez limité, sortis des chaussures et autres jarretières,
toutes choses tenant d'assez près à la peau. La question : sont-ce des objets imaginaires ? quelle est
leur valeur ds l'économie libidinale ? sortent-ils d'une genèse ? d'une succession de stades ?
En tout cas si ce sont des objets nous en sommes fort embarrassés, et le thème nous fascine.

Au 1er abord ce sont des constructions ordonnant et organisant un certain vécu. L'usage qu'en fait
Madame DOLTO est frappant, usage qu'on ne peut comprendre qu'avec les notions de signifiant
et de signifié : en effet elle use de cet objet comme d'un signifiant, c'est comme signifiant que l'image
intervient dans son dialogue et représente quelque chose, aucune ne se soutenant par elle-même.
Et quand une image prend valeur cristallisante, qu'elle pénètre, en l'orientant, le sujet, c'est toujours
par rapport à une autre.

Certaines choses que j'ai dites la dernière fois sur la notion de réalité n'ont pas été comprises.
J'ai dit que des psychanalystes en ont une notion aussi mythique que celle
qui a entravé la psychiatrie,qui est de chercher quelque chose de matériel dans la réalité.
 C'est comme si, dans mon exemple de l'usine hydraulique, quand des accidents surviennent on
raisonnait uniquement sur la matière qui la fait marcher, la chute d'eau. Et bien on est venu me dire
que pour l'ingénieur elle est tout, que tout est déjà donné dans son énergie potentielle,
y compris la puissance de l'usine ... Or :
1 : j'ai défini la réalité par la Wirklichkeit, l'efficacité du système, psychique en l'occurrence.
2. j'ai pris l'ex de l'usine pour illustrer le caractère mythique d'une certaine conception de la réalité.
3. on peut présenter le thème du réel en considérant la réalité de "ce qui est avant", avant l'exercice
d'un fonctionnement symbolique, à ce qu'il y a de plus solide dans le mirage qui soutient l'objection
qui m'a été faite. Avant qu'advienne le "Je" par exemple, était le "ça" => qu'est-ce que ce "ça" ?

Pour l'usine je sais bien qu'avant il y a l'énergie, mais entre cette énergie et la réalité naturelle il y a
un monde, d'autre part elle ne compte qu'à partir du moment où on décide de la mesurer, une fois
que l'usine fonctionne. C'est à propos de l'usine qu'on fait des calculs, parmi lesquels l'énergie.
La notion d'énergie est construite sur la nécessité d'une civilisation productrice, et de s'y retrouver
dans ses comptes = quel travail dépenser pour telle efficacité ? Et il n'y a pas d'énergie absolue,
uniquement par rapport à un niveau inférieur, le déversoir lui-même ne suffit pas à lui seul.

La différence du niveau d'écoulement n'a pas d'intérêt, l'important c'est que pour qu'il y ait intérêt
à calculer l'énergie certaines conditions naturelles soient réalisées, et aussi que les matières comptant
dans l'usage de la machine se présentent d'une manière privilégiée, signifiante, qui pousse à l'installer
une usine = on est sur le chemin d'un système pris comme signifiant.

Rapprochement avec le psychisme : avec cette notion énergétique Freud forge la notion
en elle-même totalement abstraite car fixée à aucun support matériel, et permettant
de poser une équivalence entre des manifestations qualitativement différentes : la notion de libido. 
On peut s'émerveiller que dès 1905 (Les trois essais ..) il parle pour la 1ère fois de
 support psychique de la libido dans des termes tels que la notion ultérieure d'hormones sexuelles
ne l'oblige qu'à peine à modifier ce passage. Parce que ds cette occurrence se référer à un support
chimique n'a strictement aucune importance : qu'il y en ait un, ou plusieurs, un pour la féminité, un
pour la masculinité, ou plusieurs, ou interchangeables, ou noir .. l'expérience analytique contraint
à penser qu'il n'y a qu'une seule et unique libido, que Freud situe d'emblée sur un plan neutralisé.

La libido est ce qui lie le comportement des humains entre eux et leur donne leur position
qui peut être active ou passive, mais a dans tous cas des effets actifs. Que cette position
 active ou passive, la libido se présente toujours comme une forme activement efficace,
et de ce fait plutôt parente de la forme masculine. Cela semble paradoxal, mais c'est parce que
cette notion n'est là que pour incarner la liaison de type particulier qui se produit à un certain niveau
le niveau imaginaire qui est celui où le comportement d'un être vivant en présence d'un autre
exprime le désir, ou l'envie, c'est à dire est du coté de ce ressort essentiel de la pensée freudienne
pour organiser ce dont il s'agit dans tous les comportements de la sexualité.

Nous avons l'habitude de considérer le Es comme une instance ayant le plus grand rapport avec
les tendances, les instincts, la libido. Mais comme l'usine quand on ignore comment elle marche,
 et qu'on croit que c'est le courant qui, agissant en elle, transforme l'eau en lumière ou en force ..
le Es n'est pas simplement ce qui est là, avant, le Es c'est déjà le Sujet, c'est à dire
ce qui est susceptible, par l'intermédiaire du message de l'Autre, de devenir "Je".
C'est cela que la psychanalyse nous a apporté :
il n'est pas seulement ce qui est avant en tant que réalité brute,
il est ce qui est, déjà organisé, déjà articulé, comme le signifiant est : déjà articulé, déjà organisé.

Toute la force déjà dans la machine pourra être transformée, sachant qu'elle n'est pas que chose
à transformer, elle peut aussi être accumulée. C'est l'intérêt de l'usine  hydro-électrique (et non
hydro-mécanique) : bien qu'il y ait déjà toute cette énergie avant, une fois l'usine construite il y a
différence sensible qui existe dans le réel, pas seulement dans le paysage. Elle s'est construite
par l'opération du saint-esprit, et c'est pour comprendre la présence du saint-esprit, essentielle
à notre compréhension de l'analyse, que je vous donne ces indications sur le signifiant et le signifié.

Reprenons cela au niveau des deux systèmes : le système primaire où ce qui se passe est soumis 
au principe de plaisir, à la tendance à revenir au repos, et le système secondaire défini par le fait
que le sujet est forcé à un détour dans la réalité extérieure. Ces définitions ne éludent l'idée de
 caractère conflictuel et dialectique alors qu'on les utilise avec ce paradoxe. Eludé, pas oublié.

C'est avec le système de plaisir lié à une tendance répétitive au repos que Freud introduit la notion
de libido parce que le plaisir au sens concret, le LUST, a ce sens -ambigu- d'être en même temps
le plaisir et l'envie, plaisir comme état de repos en lui-même, et surgissement du désir. Les 2 termes
peuvent paraître contradictoires alors que l'expérience les montre comme étant parfaitement liés.
Paradoxe aussi au niveau de la réalité : ce n'est pas seulement la réalité à laquelle on se cogne,
c'est aussi le contour, et le détour, de la réalité.

C'est à dire que corrélativement à l'existence des 2 principes interviennent les 2 termes qui les lient
 et permettent leur fonctionnement dialectique : les 2 niveaux de la parole : signifiant + signifié.
Et nous avons une sorte de superposition, de parallèle
--------> le cours du signifiant, le discours concret ..........................................................................
--------> le cours du signifié où gît la continuité du vécu, des tendances, chez 1 sujet et entre les sujets.

Rien ne se conçoit de la parole, du langage, des phénomènes qui se présentent ds l'analyse,
sauf à admettre cette possibilité essentielle de perpétuels glissements,
perpétuels glissements du signifié sous le signifiant, glissements du signifiant sous le signifié.
Rien de l'expérience analytique ne peut s'expliquer hors de ce schéma fondamental, qui montre que
ce qui est signifiant de quelque chose peut à tout instant devenir signifiant d'autre chose.
Tt ce qui se présente dans l'envie, tendance, libido, est toujours marqué par l'empreinte du signifiant.
Cela n'exclut pas que dans la pulsion ou l'envie existe autre chose, non marqué par cette empreinte.
Le signifiant est introduit dans le mouvement naturel, dans le désir, et dans la demande. Le terme
anglais "demand" inclut la notion primitive d'exigence, d'appétit, même si l'appétit en tant que tel n'est
pas marqué par les lois propres du signifiant. Ainsi on peut dire que l'envie devient du signifié.

L'intervention du signifiant posant problème,  j'ai parlé du Saint-Esprit qui est, pour nous et dans
la pensée de Freud, l'entrée du signifiant dans le monde. Freud l'a appelé  instinct de mort :
limite du signifié jamais atteinte par un être vivant, ce quelque chose virtuellement à la limite de
la réflexion de l'homme sur sa vie qui lui permet d'entrevoir la mort comme étant la "condition
indépassable de son existence" (Heidegger). Les rapports de l'homme avec le signifiant sont
liés à cette possibilité de penser la suppression, la mise entre parenthèse de tout le vécu.

Le support de la présence dans le monde du signifiant, la "surface efficace" où il reflète
le dernier mot du signifié, de la vie, du vécu, du flux des émotions, du flux libidinal, c'est
une "mort", une opération du St-Esprit, qui fait exister ce signifiant et ses lois propres,
qu'elles soient ou non reconnaissables ds tel ou tel phénomène. Par exemple, à la question
"Ce signifiant est-il là ce qui est désigné dans le Es ?", nous répondons que : pour comprendre
ce que nous faisons dans l'analyse : oui." Car le Es dont il s'agit dans l'analyse c'est 
du-signifiant-déjà-là, du signifiant déjà là dans le réel, mais incompris.
Et pas quelque propriété primitive et confuse relevant d'on ne sait quelle harmonie pré-établie
comme le pensent les esprits faibles, Mr Jones le 1er qui fait l'erreur de partir de l'idée qu'il y a
le fil et l'aiguille, le fille et le garçon + la supposition d'une harmonie pré-établie avec l'inconscient
de l'un fait pour deviner l'inconscient de l'autre.

A quoi s'oppose la remarque si simple de Freud (Les 3 essais..) que rien dans le développement de
l'enfant, dans son rapport aux images sexuelles, ne montre les rails d'un accès libre de l'homme
vers la femme et vice-versa, mais susceptibles d'accidents. Au contraire, les théories
sexuelles infantiles, qui marqueront l'histoire du sujet dans sa relation entre les sexes, sont liées à la
1 ère maturité du stade génital, ou phase phallique, juste avant le développement complet de l'Oedipe.
Ce stade est dit phallique, pas par égalité énergétique fondamentale (ça c'est pour la commodité
de l'esprit), ni même parce qu'il n'y a qu'une seule libido, mais parce que
sur le plan imaginaire il n'y a qu'une seule représentation primitive du stade génital :
le phallus en tant que tel.

Le phallus n'est pas l'appareil génital masculin c'est son image érigée sans son complément
que sont les bourses. Le phallus érigé dans son image. Il n'y en a qu'une parce qu'il n'y a pas
d'autre choix : soit l'image virile, soit la castration.
C'est le point de départ de Freud quand il reconstruit le développement, à partir des références
naturelles à cette idée, découverte dans l'analyse, et dans ce qui antécède "Les trois essais.."

Mais l'expérience nous fait découvrir une foule d'accidents loin d'être si naturels. En particulier
cette idée au principe de toute l'expérience analytique, la notion de signifiant déjà installé,
déjà structuré (l'usine existe et fonctionne sans que nous l'ayions installée) : c'est le langage,
qui fonctionne depuis aussi longtemps qu'on peut s'en souvenir, sachant qu'on ne peut pas
se souvenir de l'au-delà de l'histoire de l'humanité. Depuis que les signifiants fonctionnent
les sujets sont organisés, dans leur psychisme, à partir du jeu de ces signifiants.
Même le Es, que certains vont chercher dans des "profondeurs" n'est pas plus naturel que les images
L'existence d'une usine faite dans la nature par l'opération du saint-Esprit, est le contraire
de la notion de nature. C'est même dans le "scandale" de ce fait que gît la position analytique :
quand nous abordons un sujet, il y a déjà, dans "la nature", quelque chose qui est son Es,
qui est déjà structuré selon une articulation, une organisation signifiante, marquant tout, chez lui,
de ses empreintes, ses contradictions, sa profonde différence d'avec des cooptations naturelles.

Derrière le signifiant il y a la réalité dernière, voilée à l'usage du signifiant, voilée au signifié, que
la vie est caduque, ce qui est dans le signifié peut ne pas exister : c'est l'instinct de mort.
Cela n'a rien à voir avec l'exercice du vivant, notre petit passage dans l'existence comme tous ceux
qui nous ont précédé. L'existence du signifiant est liée au fait que le discours existe,
qu'il est déjà introduit dans le monde, plus ou moins connu, ou inconnu. Freud n'a pas pu le
caractériser autrement qu'en disant qu'il fonctionne sur le fond d'une certaine expérience de la mort.
Pas celle ayant à voir avec le vécu, l'exercice du vivant, mais une reconstruction
motivée par ce phénomène inexplicable, ce paradoxe constaté dans l'expérience, que le Sujet
se comporte de façon essentiellement signifiante en répétant indéfiniment quelque chose
qui lui est mortel en tant que sujet (le sujet n'est pas la personne physique)
et inversement : la mort est reflétée au fond du signifié, et le signifiant emprunte toute une série
d'éléments liés à ce qui est engagé dans le signifié : le corps. De même que dans la nature il y a des
réservoirs, dans le signifié il y a des éléments qui, donnés comme des accidents du corps, sont repris
dans le signifiant et lui donnent ses "armes" premières. Choses insaisissables et pourtant irréductibles,
parmi lesquelles le terme phallique, la pure et simple érection : pierre dressée, totem érigé etc..
La notion de corps érigé produit des éléments liés au corporel en général (pas judte le vécu)
et constituant des éléments premiers : d'abord empruntés à l'expérience et ensuite complètement
transformés, car symbolisés, introduits dans le lieu du signifiant et de ses lois, des lois logiques,
(pensez au jeu de pair/impair, aux suites de + et de - groupées par 2 ou 3 en séquences temporelles)
des lois implicites, présentes dans tout départ et aussi lois dernières, impossibles à ne pas rencontrer.

[Notes, provisoires : ds la mesure ou une fois désigné sous un signifiant, et parce que épinglé, 
le sujet disparaît, meurt au fait d'être un sujet,derrière le signifiant = la mort, = la vie est finissable, 
caduque, ce qui est ds le signifié peut ne pas exister= l'instinct de mort dc pas seulement la capacité
 de se penser dans la chaîne mais de se penser inexistant, sous un signifiant.ainsi il y a ds le signifié des significations d'accidents du corps que le signifiant utilise comme armes]


La relation d'objet centrale décrite dynamiquement ds l'expérience analytique 
est celle du manque. C'est ce qu'a dit Freud : toute Findung est une Wiederfindung :
toute "trouvaille" de l'objet est une "re-trouaille". Il ne faut pas lire "Les trois essais sur la sexualité"
comme s'ils avaient été écrits d'un seul jet, tous les textes de Freud ils comportent des révisions,
des notes ajoutées, et les modifications sont fréquentes. "La Traumdeutung" s'est enrichie sans que
change son équilibre fondamental. Par contre dans la 1ère édition des "Trois essais.." on ne trouve rien
de ce qui nous est familier dans le livre de 1915, des années après "Pour introduire le narcissisme".
Il faut avoir cela en tête : tout ce qui concerne le développement libidinal pré-génital ne se conçoit
qu'après qu'aient été isolées les théories sexuelles infantiles et ce qui les caractérise, c'est à dire
les malentendus majeurs qui viennent du fait que l'enfant n'a aucune notion de sperme, vagin,
génération etc.. Et la notion de phase phallique n'aboutit qu'après l'édition de 1923 et l'article
"L'organisation génitale infantile", moment crucial qui n'est pas dans "Les trois essais..", dont
la progression dans la rechercher s'explique par l'importance des théories sexuelles.

De même pour la libido, avec un chapitre qui concerne la notion de narcissisme : on peut
rendre compte de l'origine de l'idée d'une théorie de la libido, dit Freud, depuis la notion de
Ich-libido, de "réservoir" de la libido constituante des objets.
Cette notion de tension narcissique, du rapport de l'homme à l'image, a introduit l'idée d'une
mesure libidinale commune, et d'un centre de réserve à partir duquel s'établit toute relation
objectale. Celle-ci est fondamentalement imaginaire, et la fascination du sujet par l'image est liée
à une image qu'il porte en lui-même. C'est le dernier mot de la théorie narcissique.

Une certaine orientation analytique reconnait une valeur organisatrice au fantasme parce qu'on ne
soupçonnait pas d'harmonie pré-établie de l'objet au sujet : la 1 ère version des "Trois essais .."
caractérise le développement de la sexualité infantile en 2 temps : du fait de la période de latence,
(où la mémoire est latente), l'objet 1er, l'objet de la mère, est remémoré d'une façon inchangée,
irréversible : l'objet ne sera plus, que (re)trouvé dans une nouvel objet dans le style du 1er.
 ==>  discordance, division  fondamentalement conflictuelle, dans l'objet (re)trouvé
par rapport à l'objet toujours recherché. Cette notion inspira la 1ère théorie de la sexualité
 de Freud : la supposition que pendant la période de latence il y a conservation de l'objet dans
la mémoire, à l'insu du sujet : transmission signifiante d'un objet, qui perturbera les relations
d'objets ultérieures. C'est dans ce cadre que se découvrent les fonctions imaginaires :
tout ce qui relève de la fonction pré-génitale est pris dans cette parenthèse. Ainsi s'introduit
l'imaginairedans une dialectique qui n'était faite que du symbolique et du réel.

Ainsi ce qui prévaut aujourd'hui en psychanalyse, la relation d'objet, n'est introduit par Freud
qu'à partir de l'article sur le narcissisme de 1923 : préparé par la théorie de la sexualité de 1915,
puis formulé à propos de la phase phallique en 1920.  Le milieu analytique, perplexe, a situé
la dialectique dite à l'époque pré-génitale par rapport à l'Oedipe. Or pré-génital ne veut pas dire
pré-oedipien. En 1920 pré-génital désigne les expériences préparatrices à l'expérience oedipienne
et qui s'articuleront dans celle-ci, faisant que la relation pré-génitale s'appréhende dans l'articulation
signifiante de l'Oedipe.  Le terme "pré-oedipien" est introduit en 1930 sur la sexualité féminine.

Le signifiant prend son matériel quelque part dans le signifié, dans les rapports vivants
et vécus. C'est après-coup que ce passé est saisi, que se structure l'organisation imaginaire
en opposition avec l'idée de développement harmonique régulier, mais sous une forme
paradoxale, un développement critique, où l'origine des objets des différentes périodes (orale,
anale ..) sont déjà pris pour autre chose que ce qu'ils sont. Car ils sont déjà "travaillés" par le
signifiant. La structure signifiante de ces opérations est impossible à extraire. On les désigne par
toutes les notions d'incorporation qui les dominent et permettent de les articuler.

Nous articulerons cette organisation autour de la notion du manque d'objet aux 3 niveaux
de frustration, privation, castration quand il y a crise, rencontre, dans la recherche (toujours
critique), d'objet. Nous commencerons avec la notion de frustration que les théories
analytique actuelles privilégient au détriment de la notion de castration, et une conférence de
Annelisse Schurmann élève d'Anna Freud sur une phobie d'enfant.
Nous verrons la succession temporelle, apparition puis disparition
de cette création imaginaire privilégiée qu'est une phobie et ses effets comportementaux.

Difficile d'en articuler l'essentiel avec la seule notion de frustration en rapport avec la privation
de l'objet privilégié du stade oral. Il est bien plus éclairant d'utilser les 3 catégories du manque :
la castration, où se situe le manque fondamental en tant que dette dans la chaîne symbolique,
la frustration, où le manque comme dam, dommage, se situe que sur le seul plan imaginaire,
la privation, où le manque est cette limite, cette béance purement dans le réel, c'est à dire pas
dans le sujet. Pour accéder à la privation, le sujet doit être capable de pouvoir symboliser le
réel, de le concevoir autre qu'il n'est. Cela précède la possibilité de dire des choses sensées.

Dans la psychogénèse courante tout se passe à la façon d'un rêve idéaliste où chaque sujet
est comme une araignée qui doit elle-même tirer le fil de sa toile et s'envelopper dans la soie
son cocon, sortir de lui-même sa conception du monde, sécréter de lui-même ses relations
au nom d'on ne sait quelle maturité pré-établie avec les objets qui finiront comme objets de
notre monde. On croit que la psychanalyse rend cela possible parce qu'on ne retient que ce
qui va dans ce sens. Et quand ça s'embrouille on attribue cela à une difficulté de langage alors
que c'est la manifestation de l'erreur. L'image du corps comme signifiant le montre bien.

Le problème de la relation d'objet doit être posé à partir de ce cadre fondamental que
dans le monde humain ce qui structure l'organisation objectale c'est le manque d'objet.
Et que ce manque est à concevoir à ses différents étages chez tout sujet :
au niveau de la chaîne symbolique qui lui échappe de son commencement à sa fin, au niveau
de la frustration où il est installé dans un vécu imaginable, pensable, et au niveau de réel
il ne s'agit pas de privation ressentie : le réel c'est ce qui est absolument hors du sujet, et pour
l'appréhender il doit d'abord l'avoir symbolisé. Et dans cette affaire le sujet n'est pas isolé,
il n'est pas indépendant, ce n'est pas lui qui introduit quoi que ce soit. (pour F. Dolto les enfants
dont la mère a subi un trouble dans sa relation à son propre père peuvent faire une phobie).

C'est un passage absolument majeur, que cette notion, qui fait intervenir autre chose
que la seule relation mère/enfant de personne à personne. C'est pour cela que j'ai
posé le trio mère-enfant-phallus : il y a toujours, chez la mère en tant qu'elle est femme
l'exigence du phallus. Que l'enfant le symbolise ou non, lui n'en sait rien. Quand on évoque
l'image du corps à propos de l'enfant : si cette image est effectivement l'enfant, si même elle lui
est accessible, est-ce parce que la mère voit son enfant ? Quand l'enfant est-il en mesure de voir
que ce sa mère désire, sature et satisfait en lui, c'est aussi son image phallique à elle ? Toute
relation entre sujets est-elle du même ordre que la relation de Mme Dolto avec son sujet ?
Est-ce qu'à part elle, qui voit toutes ces images du corps, il y a quelqu'un pour les voir aussi ?

Le fait que pour la mère l'enfant n'est pas seulement l'enfant, mais aussi le phallus
constitue une discordance imaginaire. L'expérience montre que l'enfant y accède, y est introduit
après une époque de symbolisation. Quelque fois il aborde ce qui est pour la mère un
dam imaginaire en rapport avec la privation du phallus de façon directe. S'agit-il alors d'un
imaginaire reflété dans le symbolique ? d'un élément symbolique qui apparaît dans l'imaginaire ?
Ce sont les points cruciaux où nous amenons la question de la phobie.

Pourquoi l'enfant se met à plus ou moins occuper la position de la mère par rapport au phallus ?
ou du phallus par rapport à la mère ?  L'enfant établit une liaison entre le phallus et la mère :
ce rapport lui est-il donné de façon spontanée et directe ? dans quelle mesure y met-il du sien ?
C'est plus compliqué que simplement regarder sa mère et voir qu'elle désire le phallus ....
Ce n'est pas autour de cette liaison-là mère/phallus que se développe la phobie.

La phobie constitue un mode de solution au difficile pb des relations de l'enfant et de la mère.
Nous avons vu que pour qu'il y ait les 3 termes du trio mère-enfant-phallus
il faut un espace clos, une organisation symbolique du monde qui s'appelle le père.
La phobie concerne ce lien cernant : il arrive qu'en un moment particulièrement critique,
en l'absence de voie d'une autre nature, la phobie est un appel à la rescousse
d'un élément symbolique particulier pour la solution du problème.
C'est sa singularité : être extrêmement symbolique, complètement éloignée de l'imaginaire.
L'élément symbolique appelé pour maintenir la solidarité menacée par la béance 
introduite par l'apparition du phallus entre la mère et l'enfant a un caractère
carrément mythique.



Fin de la troisième leçon
























































































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